Publié dans le Quotidien Jurassien le 11 avril 2025
Ènne rainne d’abnétie
Dâ tot p’tèt, è dyait qu’è v’lait faire tiurie. Â yue de djûere d’aivô des p’tètes dyïmbardes ou bïn d’ rittaie drie ènne pilome, è djuait è lai mâsse. Dès qu’èl é poéyu, èl é sèrvi lai mâsse èt pus s’vent qu’è son touè. Dains sai sotane roudge èt son bianc churpyis, èl était fie cment ïn pavon èt sériou cment ïn pape.
Ses poirents l’aint botè és Côtes. De li, èl ât entrè â Grand Séminaire. Vïnt le djoué po lu de péssaie le r’crut’ment. È feut voichie dains les fantaissïns èt convoquè ïn an aiprès è Colombie po faire son écôle de retçhrues.
Lai dichipyïne, è l’aiccèptait encoé bïn aîgiement. Mains les airmes, les manoeûvres, lai voidge, les crovèes d’ pommates, tot çoli n’yi pyaigeait pe trop. Tiaind qu’ ses caim’rades aillïnt boire ïn voirre en lai La Taivèrne di Tchété, è se r’tyiirait dains lai tchaimbre po yére son gralie o bïn déchendait djuqu’è môtie Sïnt- Étiene po méditaie dains lai lumiere des vitraidges.
Ïn soi, aiprés l’aippeul, è pésse d’vaint son commandaint sains l’ sailuaie. Ci commandaint était ïn bon bogre qu’ainmait ces djuenes dgens.
An n’ sailue pus ? qu’è yi fait.
Feu di Môtie, pe d’ sailut, répond l’aipprenti tiurie que porcheut son tch’mïn.
Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Une grenouille de bénitier
Depuis tout petit, il parlait de devenir curé. Au lieu de jouer avec des petites voitures ou courir derrière un ballon, il jouait è lai messe. Dès qu’il a pu, il assistait le prêtre pendant les offices. Il se pavanait dans sa soutanelle rouge et son blanc surplis, sérieux comme un pape.
Ses parents l’ont placé à l’Institut des Côtes. Pus il est entré au Grand Séminaire. Vint le jour du recrutement. Il fut versé dans les fantassins et convoqué un an après à Colombier pour effectuer son école de recrues.
Il se pliait à la discipline sans récriminer. Mais le maniement des armes, les manœuvres harassantes, la garde, les corvées de patates, tout cela ne lui plaisait pas trop. Quand ses camarades aillaient boire un verre à la Taverne du Château, il se retirait dans la chambre pour lire son bréviaire ou descendait jusqu’à l’église Saint- Étienne pour méditer dans la lumière des vitraux.
Un soir après l’appel, il passe devant son commandant sans le saluer. Ce commandant était un chef humain qui aimait ces jeunes gens.
On ne salue plus ? lui dit-il.
Hors de l’Église, point de salut, répond l’apprenti curé qui poursuit son chemin.
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