Par : Fleury LJ
Publié : 12 septembre 2014

Le crieur public

Le taimboérnou

Bernard Chapuis

Paru dans LQJ du 12 septembre 2014

Le taimboérnou

Le taimboérnou fait sai touénèe. È s’râte en tos les crouej’ments. Trétus sont â dvaint l’heûs po l’oûeyi. « Aivis. È câse de lai churlaindye, èl ât défendu de moénaie les roûdges bétes en lai foire. » Le mére aivait v’lu yi bèyie ïn paipie. « I n’n’aî p’fâte, de ton paipie ».

Lai churlaindye s’aittaique chutot és vaitches, qu’an aippele tchie nôs les rouedges bétes. È fât voidgie les bétes malaites en l’étâle. Les tch’vâs n’risquant ran, les hannes non pus. Le mairtchât ât soûetchi d’sai foûerdge. È récrie l’ taimboérnou :

- Dis, ç’n’ât p’dïnche qu’te dais dire. Baiye-me voûere ton paipie !

- I n’en aî p’.

- Te dais ainnoncie :

« È câse de lai churlaindye, èl ât défendu de moénaie les bétes des Roûdges en lai foire que vïnt. »

En Aidjou è y é les Roudges èt les Nois. Le mairtchât, ç’ât ïn Noi.

- Mit’naint, aittieuds, qu’è yi dit. È veut bïntôt fri l’Avé Maria.

Le taimboérnou é tchaingie sai formule, mains è s’ât fotu lai moitan di v’laidge ch’le dos.


Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Le crieur public

Le crieur public fait sa tournée. Il s’arrête à chaque carrefour. Tous sont sortis pour l’écouter. « Avis. En raison de la fièvre aphteuse, il est défendu de conduire les vaches à la foire. » Le maire avait voulu lui remettre un papier. « Je n’en ai pas besoin de ton papier ».

La fièvre aphteuse s’attaque surtout aux bovins, qu’on appelle chez nous les "rouges bêtes". Il faut garder les bêtes malades à l’étable. Les chevaux ne risquent rien, les hommes non plus. Le maréchal est sorti de sa forge. Il interpelle le tambourineur.

- Dis, ce n’est pas comme ça que tu dois dire. Donne-me donc ton papier !

- Je n’en ai pas.

- Tu dois annoncer : « En raison de la fièvre aphteuse, il est défendu de conduire les vaches des Rouges à la foire. » 

En Ajoie, il y a les Rouges et les Noirs. Le maréchal est un Noir.

- Maintenant, vas-y, lui dit-il, il va bientôt sonner l’angélus.

Le crieur public a changé sa formule, mais il s’est mis lai moitié du village sur le dos.


La chronique patoise du QJ en direct :

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