Paru dans
LQJ du 21 mars 2014
{Ci Fridolin d’ Bonfô é vétiu doze annèes en Améritçhe. Le bogre, que craiyait y faire foûetchune, ât rveni â paiyis des bâts âchi poûere que dvaint d’ paitchi. Èl ât eurveni d’aivô ènne fanne que ne djâse pe l’frainçais èt peus encoé moins l’patois.
Fridolin ne râte pe d’évoquaie ses seuvnis. Li-d’vaint tot ât pus bé, pus grant. Vôs dairèz l’oûyi l’ duemoène aiprés lai mâsse, â Grütli. Èl ât tot hèy’rou d’ répondre és quèchtions.
- Cment qu’ès sont, les mâjons
?
- Èlles sont chi hâtes qu’èlles toutchant l’cie.
- Èt peus les fannes
?
- Bïn pus bèlles que poi chi. T’ n’és qu’è voûere lai mïnne.
- Èt peus les aîchattes
?
- Cment des motons.
Èls aint djûe és câtches. Fridolin é predju. Tot capou, è n’dyait pus ran. È chneuquait dains sai boétche po paiyie l’apéro. Èl était bïn loin d’ l’Aiméritçhe. C’était l’ môment d’ l’aittraipaie. L’eurcevou yi dmainde :
- Èt peus les beussons, Fridolin
?
- Yè paidé, cment ci.}
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Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Traduction
Souvenirs d’Amérique
Fridolin, un de Bonfol, a vécu douze ans en Amérique. Le bougre, qui croyait y faire fortune, est revenu au pays des crapauds aussi pauvre qu’avant de partir. Il est revenu avec une femme qui ne parle pas le français et encore moins le patois.
Fridolin ne cesse d’évoquer ses souvenirs. Là-bas, tout est plus beau, plus grand. Vous devriez l’entendre le dimanche après la messe, au Grütli. Il est tout heureux de répondre aux questions.
- Comment sont les maisons
?
- Elles sont si hautes qu’elles touchent le ciel.
- Et les femmes
?
- Bien plus belles qu’ici. Tu n’as qu’à voir la mienne.
- Et les abeilles
?
- Comme des moutons.
Ils ont joué aux cartes. Fridolin a perdu. Honteux, il ne disait plus rien. Il cherchait dans sa bourse pour payer l’apéro. Il était bien loin de l’Amérique. C’était le moment de lui tendre un piège. Le receveur lui demande :
- Et les ruches, Fridolin
?
- Pardi, comme ici.
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La chronique patoise du
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