Publié : 17 janvier 2020

Dans le car postal de Montsevelier

Dains lai pochte de Montsev’lie

Bernard Chapuis

Publié dans le Quotidien Jurassien le 17 janvier 2020

Dains lai pochte de Montsev’lie

 cieutchie de Sïnt-Marcel, è soènne lai d’mée des chés. Lai Bèrtha ât en r’taid. Lai conchultation tchie l’ méd’cïn des eûyes é dyurie pus grant que prévu. Sai pochte po Mèrvelie paît taintôt. È yi fât ritaie po ne pe lai manquaie. Mains voili, son méd’cïn des eûyes yi é eurcommaindè de n’ pe faire d’effoûe. En pus, ritaie d’aivô tos ces cabas, ç’ ât richquaie d’ se fotre poi tiere èt d’ brijaie ses novèlles breliçhes. Èlle airrive ch’ lai piaice des pochtes. « Laivou qu’èlle ât, lai mïnne ? I n’ sais p’ poquoi çoli tchaindge tot l’ temps. » - È n’ y é p’ de pochte po Mèrvelie ? qu’èlle demainde atoé d’ lée. - Mains chié, Daime. È vôs fât pâre Montsev’lie. - Nigdoye qu’ i seus ! C’ment si n’ le saivôs pe, moi qui l’aî pris taint d’ côps ! Tiaind qu’èlle airrive en sai pochte, çtée-ci ât ch’ le point d’ paitchi. Lai poûetche ât frome èt l’émoinnou fredoéye. Èlle coégne en lai vitre. Le condujou qu’ l’é r’coégnu yi eûvre. - Montèz, Daime èt peus dépâdgietes-vôs ! Lai pochte ât bondèe. È n’y d’moère qu’ènne piaice â long d’ïn hanne que s’mâye. Lai Bèrtha se siete taint bïn qu’ mâ chu âtçhe de du. - Oh, éstiujètes-me, l’hanne. I m’ seus sietèe chu vos breliçhes. - Ç’ n’ât ran, Daime, Mains i airôs meus ainmè tiaind qu’i les aivôs ch’ le moére. - Grôs poûe, vai ! Notes l’émoinnou fredoéye, le moteur ronfle ïn hanne que s’mâye, un homme qui somnole Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Dans le car postal de Montsevelier

Au clocher de Saint-Marcel, il sonne cinq heures et demie. Berthe est en retard. La consultation chez l’ophtalmologue a duré plus que prévu. Sa poste pour Mervelier part dans peu de temps. Il lui faut courir pour ne pas la manquer. Mais voilà, son ophtalmologue lui a recommandé de ne pas faire d’efforts. En outre, courir avec tous ces cabas, c’est risquer de se flanquer par terre et de casser ses nouvelles lunettes. Elle arrive sur la place des cars.« Elle est où, ma poste ? Je ne sais pas pourquoi ça change tout le temps. » - Il n’ y a pas de poste pour Mervelier ? demande-t-elle alentour. - Mais si, Madame. Montez dans celle de Montsevelier. - Sotte que je suis. Comme si je ne le savais pas, moi qui l’ai prise si souvent. Elle arrive quand son bus est sur le point de partir. La porte est fermée et le moteur ronfle. Elle cogne à la vitre. Le chauffeur qui l’a reconnue lui ouvre. - Montez, Madame et dépêchez-vous ! Le car est bondé. Il ne reste qu’une place à côté d’un homme qui somnole. Berthe s’installe tant bien que mal sur quelque chose de dur. - Oh, excusez-moi, Monsieur. Je me suis assise sur vos lunettes. - Ce n’est rien, Madame. Mais j’aurais préféré quand je les avais sur le nez. - Gros cochon, va !