par Fleury Louis-Jos.
Publié dans le Quotidien Jurassien le 8 avril 2022
Lai tchainson di rond pain
Conte russe
Ïn djoué, mai grant-mére nôs tyeûjé ïn rond pain, le boté en lai f’nétre. « Èl ât encoé trop tchâd. Aittendèz, les boûebats ! »
Le rond pain fait le bat-gonçhè. « Vôs ne v’lèz p’ m’aivoi, les boûebats ! » Èl é sâtè poi tiere èt rôlè djusqu’ voi lai taniere laivou que dous p’tèts loups djôtïnt ensoinne cment des fôs. Ès l’aint cheuyè en sâtaint. Le rond pain fait le bat-gonçhè. « I aî étchaippè és boûebats.Vôs ne v’lèz p’ m’aivoi, les p’tèts loups ! »
Poi les tch’mïns de tiere è bôle èt vire, è traivoiche le réçhè.è porchêud djuque tchie l’oûe que yi fait des grôs l’eûyes.
Le rond pain fait le bat-gonçhè. « I aî poéyu étchaippaie és boûebats, és dous gâchétres petèts loups. I n’aî p’ pavou d’ toi, grôs l’oûe. »
Tot atoé d’ lai tiere è rôle, ci rond pain. È croûje le r’naîd que pûere è tchâdes laigres. Le rond pain fait le bat-gonçhè. « I aî poéyu étchaippaie és boûebats, és dous gâchétres petèts loups, â grôs l’oûe. I n’aî p’ pavou d’ toi, véye r’naîd. »
Èt poquoi qu’i t’ maindg’rôs. Ç’ n’ât p’ mai v’lantè, que nian, que nian. Aippreutche de mon aroiye èt dis-me lai tchainson di rond pain !
Le rond pain qu’aivait endieûsè les boûebats, les dous gâchétres petèts loups, èt meinme le grôs l’oûe, feut dévoûerè sains faiçon.
Note
lebat-gonçhè, le fanfaron
le réçhè, la clairière
gâchétre, goinfre, glouton
endieûsè, berné, trompé
Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
La chanson du pain rond
Conte russe
Un jour, ma grand-mère nous cuisit un pain rond, le mit à la fenêtre. « Il est encore trop chaud. Attendez, les garçons ! »
Le pain rond fait le fanfaron. « Vous ne m’aurez pas, les garçons ! » Il a sauté à terre et il a roulé jusqu’à la tanière où deux petits loups jouaient ensemble comme des fous. Ils l’ont suivi en bondissant. Le pain rond fait le fanfaron. « J’ai échappé aux garçons. Vous ne m’aurez pas, les p’tits loups ! »
Par les chemins de terre il boule et vire, il traverse la clairière, il poursuit jusque chez l’ours qui lui fait les gros yeux.
Le pain rond fait le fanfaron . « J’ai pu échapper aux garçons, aux deux petits loups gloutons. Je n’ai pas peur de toi, gros ours. »
Tout autour de la terre, il roule ce pain rond. Il croise le renard qui pleure à chaudes larmes. Le pain rond fait le fanfaron. « J’ai pu échapper aux garçons, aux deux petits loups gloutons, au gros ours. Je n’ai pas peur de toi, vieux renard. »
Et pourquoi je te mangerais. Ce n’est pas mon intention, que non, que non. Approche de mon oreille et dis-moi la chanson du pain rond !
Le pain qui avait berné les garçons, les deux petits loups gloutons, et même le gros ours fut dévoré sans façon.