Djasans
Patois Jurassien

Djasans Patois Jurassien

Le français, langue étrangère
Le français, laindye étraindgiere
Bernard Chapuis
Article mis en ligne le 20 juin 2025

par Fleury Louis-Jos.

Publié dans le Quotidien Jurassien le 20 juin 2025

Le français, laindye étraindgiere

Po les régents èt les régentes, dains l’ temps, ç’ n’était p’aîjie. È y aivait bïn dains quéques grantes tyeumenes des sœurs que prépairïnt les afaints. Mains dains ci haimé qu’i vôs djâse, è n’y aivait p’
d’écôle enfantine. Les afaints qu’aicmencïnt l’écôle ne saivïnt p’ïn mot d’ français. Eulalie ainme è raicontaie ses seuv’nis en ses riere-petèts-l’afaints. :
- An n’ djâsait que l’ patois en l’hôtâ. Tiaind qu’i seus r’venie d’ mon premie djouè d’écôle, mes poirents m’aint d’maindè c’ment qu’ çoli s’était péssè. È pairât qu’i yos aî réponju : la régente ât bïn dgentiye, mains èlle ne djâse pe cment nôs ; i crais bïn que ç’ât d’ l’all’mand.

È y aivait ïn p’tèt boûeba di meinme aidge que moi. Colas, qu’è s’aipp’lait. Èl était tot épaivurie. Lai régente s’ât sietèe â long d’ lu, èlle yi é djâsè en patois po l’ botaie è l’éje. Te sais comptaie ? Ci Colas béchait lai téte èt ne pipait mot. « Dis voûere, qu’èlle yi dit, è y é des f’nétres, tchie vôs ? »
- Poidé ô.
- È y en é cobïn ?
- È y en é tot atoé.


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Le français, langue étrangère

Autrefois, les instituteurs et les institutrices n’avaient pas la tâche facile. Il y avait bien dans quelques grandes communes des sœurs qui préparaient les enfants. Mais dans le hameau dont je vous parle, il n’y avait pas d’école enfantine. Les enfants entraient à l’école sans savoir un mot de français. Eulalie aime raconter ses souvenirs à ses arrière-petits-enfants. :
- On ne parlait que patois à la maison. Quand je suis rentrée de mon premier jour d’école, mes parents m’ont demandé comment cela s’était passé. Il paraît que je leur ai répondu : la régente est bien gentille, mais elle ne parle pas comme nous ; je crois bien que c’est de l’allemand.

Il y avait un petit garçon de mon âge. Il s’appelait Colas. Il était très intimidé. La maîtresse s’est assise à côté de lui, elle lui a parlé en patois pour le mettre à l’aise. Tu sais compter ? Colas baissait lai tête et ne pipait mot. « Dis-moi, lui dit-elle, il y a des fenêtres chez vous ? »
- Pardi oui.
- Il y en a combien ?
- Il y en a tout autour.

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