
Publié dans le Quotidien Jurassien le 3 septembre 2021
Ènne fabye d’ïn âtre temps
Trâ djuen’s baichattes s’en allïnt le long d’ïn tchemïn.
I voérrôs bïn, dyait lai premiere,
aivoi ïn bé tchaipé gairni,
ènn’ robe en soue, rose et ladgiere,
des p’tèts soulaies en tiue verni.
En fignolaint i m’en adrôs ;
èt pus d’ïn galant me cheudrait.
Ço qu’i voérrôs, dyait lai seconde,
ç’ât des môlures en p’tèts potats,
avô lesquéls les daim’s di monde
s’ f’sant des meutés c’ment des boquats.
Moi i ainm’rôs, dyait lai trâjieme,
étre saivainte, aivoi d’ l’échprit,
saivoi môtraie ç’ qu’i ai aippris.
Èlles crouegennent ïn véy’ malïn
Que s’en v’nyait chu yot’ tchemïn :
« Les boueb’s s’fotant de tâs paitchis.
Ès demaindant po yot’ ménaidge
sïmpye véture èt frâs visaidge.
Aipprentes è condûere ïn hôtâ
èt vos trov’rèz ço qu’è vôs fât. »
Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Fable patoise d’une époque révolue
Trois jeunes filles s’en allaient le long d’un chemin.
Je voudrais bien, dit la première,
Avoir un beau chapeau garni,
une robe en soie, rose et légère,
de petits souliers en cuir verni.
Élégamment, je m’en irais,
et plus d’un galant me suivrait,
Ce que je voudrais, dit la seconde,
sont des teintures en petits pots,
avec lesquelles les dames du monde
se font des mines comme des bouquets.
Moi, j’aimerais, dit la troisième,
être savante, avoir de l’esprit,
savoir montrer ce que j’ ai appris.
Elles croisèrent un vieux malin
Qui s’en venait sur leur chemin :
« Les gars se moquent de tels partis.
Ils demandent pour leur ménage
vêtement simple et frais visage.
Apprenez à tenir un foyer
et vous trouverez ce qu’il vous faut. »