Publié : 7 juillet 2023

Aux cerises

És çliedges

Bernard Chapuis

Publié dans le Quotidien Jurassien le 7 juillet 2023

És çliedges

Çoli s’ péssait dains un v’laidge d’ lai Béche-Allaine. La tieumeune aivait louè des çlégies. C’était â mois de djuyèt. Les airbres étïnt churtchairdgies. Des çliedges, è y en aivait tot grebi. An n’aivait dj’mains vu ènne tâle annèe. Le maire de Mont’gnèz aivait louè ïn d’ cés çlégies. Èl aivait l’intenchion d’ faire di kirsch. C’était ïn véye aibre èt très hât. L’hanne aivait drassie è grant poénne ènne londye étchiele de doze métres, èl était tot enson . Tot poi ïn bé côp, è sent que çoli ch’couait â pie d’ l’étchiele. È y aivait des vaitches dains çte paîture. È s’ât dit : nom de Dûe, ç’ât tot chu ènne de ces vaitches que s’ frotte contre mon étchiele. I richque de tchoére. « Allèz, véye vaitche, fos l’ camp ! » Pes de réponche. Èt ci commèrce ne râte pe, l’étchiele vacille de pus en pus. L’hanne se fait di tieusain. « Ah, sacrée crevure, ci côp i veus déchendre po te botaie feu. » È déchend. C’était ènne grante daime bïn coégnue que d’moérait dains çte bèlle mâjon qu’an aippele le tchété. Èlle grimp’nait d’aivô ènne cratte chu l’étchiele pour tyeuyi des çliedges. Lu, tot capot : « Oh, Daime, éstiujètes-me ! » - Vôs n’èz p’ fâte de vôs éstiujaie. Ç’ât mai fâte. I airôs daivu vôs aipp’laie. - Bèyietes-me vot’ cratte, qu’i veus lai rempiâtre. - En vôs r’méchiaint. Vôs s’râtrèz â tchété boire ïn voirre. - En paitchaint, méfietes-vôs d’ cés vaitches. Èlles poéyant étre métchainnes. ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Aux cerises

Cela se passait dans un village de Basse-Allaine. La commune avait loué des cerisiers. C’était au mois de juillet. Les arbres étaient surchargés. Des cerises, il y en avait en surabondance. On n’avait jamais vu une année pareille. Le maire de Montignez avait loué un de ces cerisiers. Il avait l’intention de faire du kirsch. L’arbre était très haut. L’homme avait dressé à grand peine une échelle de douze mètres et il se tenait tout en haut. Tout à coup, il sent des secousses au pied de l’échelle. Des vaches broutaient dans ce pâturage. « Nom de Dieu, se dit-il, c’est sûrement une de ces vaches qui se frotte contre mon échelle. Je risque de tomber. Allez, vieille vache, fous le camp ! »  Pas de réponse. Et cette agitation ne cesse pas, l’échelle vacille de plus en plus. L’homme s’inquiète. « Ah, sacrée crevure, cette fois, je vais descendre et te chasser. » Il descend. C’était une grande dame bien connue qui habitait au château, une imposante une maison de maître. Son corbillon en main, elle grimpait sur l’échelle pour cueillir des cerises. Lui, tout confus : « Oh, Madame, excusez- moi ! » - Vous n’avez pas à vous excuser. C’est ma faute. J’aurais dû vous appeler. - Passez-moi votre corbillon, je vais le remplir. - Je vous remercie. Vous vous arrêterez au château pour boire un verre. - En partant, méfiez-vous de ces vaches. Elles peuvent être méchantes. { {{Les chroniques patoises de Bernard Chapuis en 2022- 23}} } {{ {Toutes les chroniques patoises de Bernard Chapuis} }}