
par Fleury Louis-Jos.
Publié dans le Quotidien Jurassien le 8 juillet 2022
Menaice
Quéques djoués aiprés l’entèrrement, lai vave d’ïn hanne brament rètche vait tchie l’ taboéyon po l’eûvtchure di tèchtâment. Croûeye cheurprije : èlle détyeuvre que son mairi é léguè lai moitie de sai foûetchune en sai s’crétaire. Dobe de raidge, èlle ritte tchie le mairbrie po tchaindgie le tèchte chu lai piere tombale. « Vôs v’nites ïn pô taid, dit l’airtijaint, le tèchte que vôs m’aivèz bèyie ât dj’ graivè. I peus tchaimpaie çtée-ci èt en r’ faire ènne âtre. »
Çoli m’ veut cotaie cobïn ? d’mainde lai vave.
Encoé ènne fois aitaint, mai poûere dgen. Èt peus de çte piere-ci, i n’en peus ran faire. È ne me d’moére qu’è lai détrure.
Ç’ât di mâviaidge.
Mains, i vôs prepoje ènne âtre soluchion.
Laiquélle ?
Cment vôs voites, è d’moére encoé brament d’ piaice dôs l’ nom d’ vôt’ mairi. S’ vôs v’lèz, vôs poéyèz aidjoutaie âtçhe.
I r’verrai çte vâprèe.
Lai vave revïnt d’avô ïn byat :
Voili. Vôs bottrèz : « Aittends pie tyaind qu’i te r’trov’rai li enson ! »
Notes
le taboéyon, le notaire
di mâviaidge, du gaspillage
Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Menace
Quelques jours après l’enterrement, la veuve d’un homme très riche se rend chez le notaire pour l’ouverture du testament. Mauvaise surprise : elle apprend que son défunt mari a légué la moitié de sa fortune à sa secrétaire. Folle de rage, elle court chez le marbrier pour changer le texte sur la pierre tombale. « Vous venez un peu tard, dit, l’artisan. Le texte que vous m’avez donné est déjà gravé. Je peux jeter celle-ci et en refaire une autre. »
Cela me coûtera combien ? demande la veuve.
Encore une fois autant, ma pauvre dame. Et puis, de cette pierre-ci, je n’en peux rien faire. Il ne reste qu’à la détruire.
C’est du gaspillage.
Mais, je vous propose une autre solution.
Laquelle ?
Comme vous le constatez, il reste encore beaucoup de place sous le nom de votre mari. Si vous voulez, vous pouvez ajouter quelque chose.
Je reviendrai cette après-midi.
La veuve revient un billet à la main :
Voilà. Vous mettrez : « Attends seulement quand je te retrouverai là-haut ! »