Publié dans le Quotidien Jurassien le 4 octobre 2019
Hèrtaince
Dous l’hannes se r’trovant ch’ lai terrasse di Guillaume Tell.
— Bïn l’ bondjouè. Quoi d’ neû ?
— Ran de chpéchiâ. È paît qu’ mai bèlle-mére ât moûe.
— De quoi, l’Hortense ât moûe. Qu’ât-ce que te m’ djâses poi li ? I n’aî ran vu ch’ lai feuille.
— Chiè chiè. An l’ons enterrèe lai s’nainne péssèe.
— Èlle n’était p’ chi véye que çoli.
— Èlle allait tot d’ meinme chu ses nonante ans.
— Éh bïn, èlle ne les f’sait pe. An n’yi airait djemais bèyie. Èlle était dains ènne mâjon d’ véyes ?
— Nian nian. Èlle vétyait tot d’ pai lée dains sai maij’natte.
— I l’aî bïn coégnue, tai bèlle-mére. C’était ènne aimâbye dgen, touedge de bon aigrun.
— Oh, te sais, dâ lai moûe d’ son hanne…
— Éh bïn, voili ènne novèlle. Çt’Hortense qu’ât moûe. Te vois, çoli m’ fait d’ lai poènne. I l’ainmôs bïn, çt’Hortense. Qu’ât-ce qu’an ons riè ensoènne. Nôs sons vite de l’âtre sens. È prepôs, qu’ât-ce qu’èlle aivait ?
— Oh pe grant tchose, dous sèlles, ènne tâle, ènne airmoère…
Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Héritage
Deux hommes se retrouvent sur la terrasse du Guillaume Tell.
— Bien le bonjour. Quoi de neuf ?
— Rien de spécial. À part que ma belle-mère est morte.
— Quoi, Hortense est morte. Qu’est-ce que tu m’apprends là ? Je n’ai rien vu dans le journal.
— Si si. On l’a enterrée la semaine passée.
— Elle n’était pas si âgée que ça.
— Elle allait tout de même sur ses nonante ans.
— Eh bien, elle ne les faisait pas. On ne les lui aurait jamais donnés. Elle était dans un EMS ?
— Non non. Elle vivait toute seule dans sa petite maison.
— Je l’ai bien connue, ta belle-mère. C’était une personne aimable. Toujours de bonne humeur.
— Oh, tu sais, depuis la mort de son mari…
— Eh bien, voilà une nouvelle. Hortense est morte. Tu vois, ça me fait de la peine. Je l’aimais bien, Hortense. Qu’est-ce qu’on a ri ensemble. Nous sommes vite de l’autre côté. À propos, qu’est-ce qu’elle avait ?
— Oh, pas grand chose, deux chaises, une table, une armoire…