Paru dans le Franc-Montagnard, février 2018
Le mairtchâ
Le mairtchâ qu’y coinnyâs demouére è quéques tchaimbèes de tchie nos. Dâs-lì y ôs dje en lai piquatte di djoué, les côps de maitché su l’encyène. Bon ôvrie, è ne poirâse pon â yét, sutot ces djoués. Les paiyisains int fâte de lu. Le Mairtchie-Concoués aippreutche
! Ïn tchvâ aivô de bés sabats, ïn aipyon daidroit, quâsi ordgeuyou, dgeaingne des pons â concoué. Ai poûene eûvries les pôtches de lai fôedge que voilì dje les premies paiyisains qu’airrivant aivô yôs tchvâs.
Botaie sai vannoûere de tchu, empare le tchairbon de lai fouénaise, voilì le mairtchâ aipontie po ène lôndge djouénèe de traivaiye. Son ôvrie aittaitche fèchte le tchvâ pe préseinte le sabat ai farraie. On ècmence pai décyoulè l’ancïn fé, nenttoiyie daidroit le sabat sains byassie lai fouértchatte, paitchie pidoue di pîe di tchvâ.
Le roigne-pîe en main, è taiye lai coûene crâchue dâs le derri farraidge. De son roigne-pîe, le mairtchâ se braigue
! Ç’ât lu que l’aî maiynè aivô ïn ancïn saibre. Sai laime couérbèe éde les copes. Dïnche aipontie, le fé è tchvâ breûlaint ât retirie de lai fouénaise, déposè su le sabat voué è mairque son emprïnte. De lai fouénaise en l’encyène, le fé ât traivaiyie po obteni ène aissoidge daidroite.
Le beûtchon fie de lai coûene breulèe di sabat endyaîle les euyes, fait teutre pe compyique le traivaiye des hannes. Le pîe di tchvâ su son djrônye, le mairtchâ cyoule le fé â sabat.
Le pîe su le boc, lai ponte des cyos dépéssaint ât taiyie en lai cisaiye. En lai raipe, è réve encoué les roignures. Les doux mains su les haintches, è se redrasse, sôle mains aîse de son traivaiye. È l’ainme son métie
! Afaint, y guéynôs svent dains lai fôedge. Y étôs courieuse. Lai graintou de lai téte és cyous de farraidge des sabats m’é aidé ïntriguèe…
Les an-nèes int péssè. Lai fôedge é pyaquè tote âctivitè pe y n’aî aidé pon de réponse en mai quéchtion.
Lai Babouératte
Le maréchal
Le maréchal que je connais habite à quelques enjambées de chez nous. Dès lors j’entends déjà, à la pointe du jour, les coups de marteau sur l’enclume. Bon ouvrier, il ne paresse pas au lit, surtout ces jours. Les paysans ont besoin de lui. Le Marché-Concours approche
! Un cheval avec de beaux sabots, un aplomb correct, presque orgueilleux, gagne des points au concours. À peine ouvertes les portes de la forge que voilà les premiers paysans qui arrivent avec leurs chevaux.
Mettre son tablier de cuir, allumer le charbon de la fournaise, voilà le maréchal préparé pour une longue journée de travail. Son ouvrier attache solidement le cheval et empoigne le sabot à ferrer. On commence par déclouer l’ancien fer, nettoyer correctement le sabot sans blesser la fourchette, partie sensible du pied du cheval. Le rogne-pied en main, il taille la corne du sabot qui a crû depuis le dernier ferrage.
De son rogne-pied, le maréchal en est fier
! C’est lui qui l’a façonné avec un ancien sabre. Sa lame incurvée facilite les coupes. Ainsi préparé, le fer à cheval brûlant est retiré de la fournaise, déposé sur le sabot où il marque son empreinte. De la fournaise à l’enclume, le fer est travaillé pour obtenir une assise parfaite. La fumée acide de la corne brûlée du sabot irrite les yeux, fait tousser et complique le travail des artisans. Le pied du cheval sur le genou, le maréchal cloue le fer au sabot. Le pied sur le trépied, la pointe des clous dépassant est coupée à la cisaille.
À la lime, il enlève encore les rognures. Les deux mains sur les hanches, il se redresse, fatigué mais content de son travail. Il l’aime son métier
! Enfant, je traînais souvent dans la forge. J’étais curieuse. La grandeur de la tête aux clous de ferrage des sabots m’a toujours intriguée…
Les années ont passé. La forge a cessé toute activité et je n’ai toujours pas de réponse à ma question.
La Coccinelle