Publié : 5 janvier

Lutte pour la mairie

Yutte po lai mairie

Bernard Chapuis

-* Publié dans le Quotidien Jurassien le 5 janvier 2024 {Yutte po lai mairie} {Source : Jean-Marie Voirol, Porrentruy} Le nové maire avait été invitè en ïn vèrnissaidge ïn métçhedi en fïn de vâprèe. « Te ne rentrerés pe trop taîd, yi dit sai fanne. È y é ènne cheurprije que t’aittend. » Tos les vèrnissaidges sont cheuyès d’ïn apéro d’aivô des p’tèts aimuse-dyeule è maîtcheyie. Èl en é profitè po se r’tyirie dichcrètement. En airrivaint en l’hôtâ, è feut tot ébâbi de voûere d’ lai lumiere dains totes les pieces. À d’vaint l’heus, des gens étïnt en train de piaintaie ïn mé pour son élèction. Èl é dit bondjouè en tus, è les é tus eurméchiès. Le mé était euffie poi lai bordgeaisie. Le présideint des bordgés é pris lai pairôle. È n’était p’ en son aije poéche qu’èl aivait yuttè contre lu. È n’ saivait p’ trop quoi dire, èI était dgeinnè, è tçherait ses mots. En lai fïn de son dichcouè, le nové maire s’ât aippreutchè d’ lu èt yi é dit : « Nôs sons en démocraitie. Vôs aivïns l’ drèt d’ vôs échprimaie aivaint les votes. I vôs fais ènne propojichion, qu’ dâ mit’naint, an s’ tutoiyeuche. » Èl é aiccèptè aich’tôt. Ès se sont bèyie lai main èt, poi lai cheute, ès sont dev’nis des preutches aimis. ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Lutte pour la mairie

Le nouveau maire avait été invité à un vernissage un mercredi en fin d’après-midi. « Ne rentre pas trop tard, lui dit sa femme. Une surprise t’attend. » Tous les vernissages se terminent par un apéritif avec des amuse-bouche à grignoter. Il en a profité pour se retirer discrètement. En arrivant chez lui, il fut tout étonné de voir de la lumière dans toutes les pièces. Dehors des gens étaient en train de planter un mât pour marquer son élection. Il salua tout le monde et les remercia tous. Le mât (un sapin ébranché) était offert par la bourgeoisie. Le président des bourgeois prit la parole. Il n’était pas à son aise parce qu’il avait lutté contre lui. Il ne savait pas trop quoi dire, il était gêné, il cherchait ses mots. À la fin de son discours, le nouveau maire s’approcha de lui et lui dit : « Nous sommes en démocratie. Vous aviez le droit de vous exprimer avant les votes. Je vous fais une proposition, que dorénavant on se tutoie. » Il accepta aussitôt. Ils se sont donné la main et, par la suite, ils sont devenus des amis très proches. { {{Les chroniques patoises de Bernard Chapuis en 2022- 23}} } {{ {Toutes les chroniques patoises de Bernard Chapuis} }}