Djasans

Publié dans le Quotidien Jurassien le 7 septembre 2023

Mairiaidge entre poirents

Le ptèt Louyis èt lai bionde Lucia sont véjïns. Ès djuant touedge ensoènne, des côps en lai gagui, des côps â dottoé, des côps â papa èt è lai manman, èt meinme des côps en lai p’téte dyiere. Ès vaint en l’écôle ensoènne en s’ bèyant lai main. Ç’ât che bé d’ les voûere. Lai grante sœur d’ lai baîchnatte s’ât mairièe ces dries temps. Le ptèt Louyis èt lai bionde Lucia étïnt d’ lai féte. Ès poétchïnt lai traînne d’lai mairièe â môtie. Le ptèt Louyis était bé cment ïn sô tot neû dains sai biantche tchemije, son noud paipia èt son dgilèt bot’nè. Lai bionde Lucia était raivijainne dains sai londye reube èt son chocat dains les pois. An airait dit des p’tèts mairiès. Les djouès d’aiprès, â yûe de djûere en lai gagui, â dottoé o en lai p’téte dyiere, ès r’fesïnt lai sceinne di môtie. - Te sais quoi, dit l’ boûebat, nôs s’ dairïnt mairiaie tos les dous. - I voérrôs bïn, mains ç’ n’ât p’ pôssibye, répond lai baîchnatte. È fârait qu’ nôs feuchïns poirents. Poéche que tchie nôs, ès s’ sont tus mairiès entre poirents. Mon pére é mairiè mai mére, mon grant-pére é mairiè mai grant-mére, èt peus mai grante sœur vïnt de s’ mairiaie d’aivô mon bâ-frére. Note son noud paipia, son nœud papillon bot’nè, boutonné son chocat dains les pois, son ruban dans les cheveux ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Mariage entre parents

Le petit Louis et la blonde Lucia sont voisins. Ils jouent toujours ensemble, parfois à la poupée, parfois au docteur, parfois au papa et à la maman, et même parfois à la petite guerre. Ils vont à l’école ensemble en se tenant par la main. Ils font plaisir à voir. La grande sœur de la fillette s’est mariée dernièrement. Le petit Louis et la blonde Lucia étaient de la fête. A l’église, ils portaient la traîne de la mariée. Dans sa chemise blanche ornée d’un nœud papillon et avec son gilet boutonné, le petit Louis était beau comme un sou tout neuf. La blonde Lucia était ravissante dans sa longue robe et son ruban dans les cheveux. On aurait dit des petits mariés. Les jours suivants, au lieu de jouer à la poupée, au docteur ou à la petite guerre, ils refaisaient la scène de l’église. - Tu sais quoi, dit le garçonnet, nous devrions nous marier tous les deux. - Je voudrais bien, mais c’est impossible, répond la fillette. Il faudrait que nous soyons parents. Parce que, chez nous, ils se sont tous mariés entre parents. Mon père a épousé ma mère, mon grand-père a épousé ma grand-mère, et ma grande sœur vient d’épouser mon beau-frère. { {{Les chroniques patoises de Bernard Chapuis en 2022- 23}} } {{ {Toutes les chroniques patoises de Bernard Chapuis} }}