Publié dans le Quotidien Jurassien le 1 février 2018
L’hypnose
Le Dio èt son aimi Colas aint cheuyè ènne djâs’rie chu l’hypnose. L’hypnotisou é aipp’lè ïn hanne dains l’ public èt l’ai fait montaie ch’ les lavons â long d’ lu. I vôs veus endremi, qu’è yé dit. Çhioûetes les oeûyes ! Èl é comptè djuqu’è trâs. Aiprés, è yi é fait faire ç’ qu’è v’lait.
— Nôs dairïns faire l’expérience, dit le Dio en ci Colas
— Te crais qu’ çoli veut martchi ? Èt peus d’aivô tiu ?
— D’aivô ci Firmin. Tïns, le voili djeut’ment que bousse lai poûetche.
Le Dio :
— Firmin, t’ n’és p’ veni en çte djâs’rie chu l’hypnose hyie â soi ? Te n’ sais p’ ç’ que t’ és manquè, hein Colas ? Mit’naint, nôs poéyans endremi les dgens. Pe de daindgie. S’ t’és d’aiccoûe, nôs v’lans prôvaie chu toi.
— I n’ doûe djemais le djouè.
— T’n’ és qu’è t’étendre chu ci divan èt ne pus muser en ran. Léche-te faire !
Firmin çhôrit, s’aillondge èt çhoûe ses dous l’oeuyes.
I compte, dit le Dio. D’vaint qu’i n’airriveuche è trente, te dremirés cment ènne piere. Dieche, vingt, trente.
Firmin ne boudge pus.
— Èt peus mit’naint, oûrdanne le Dio, yeuve le brais gâtche !
Èt Firmin yeuve le brais gâtche !
— Ç’ât d’ lai mâgie, dit ci Colas que raivoéte tot ébâbi. I n’ l’airôs djemais craiyu.
— Ât-ce qu’i peus r’béchie mon brais ? demainde Firmin.
Èt ci Dio, tot éffrôtè :
— Yè quoi, te n’ dremôs pe ?
Note
éffrôtè, contrarié
Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
L’hypnose
Georges et son ami Colas ont suivi une conférence sur l’hypnose. L’hypnotiseur a appelé un homme du public et l’a fait monter sur scène à ses côtés. Je vais vous endormir, lui dit-il. Fermez les yeux ! Il a compté jusqu’à trois. Après, il lui a fait faire ce qu’il voulait.
— Nous devrions faire l’expérience, dit Georges à Colas.
— Tu crois qu’ ça va marcher ? Et puis avec qui ?
— Avec Firmin. Tiens, le voilà justement qui ouvre la porte.
Georges :
— Firmin, tu n’es pas venu à cette conférence sur l’hypnose hier soir ? Tu ne sais pas ce que tu as manqué, n’est-ce pas, Colas ? Maintenant, nous pouvons endormir les gens. Aucun danger. Si tu es d’accord, nous allons tenter l’expérience sur toi.
— Je ne dors jamais le jour.
— Tu n’as qu’à t’étendre sur ce divan et ne plus penser à rien. Laisse-toi faire !
Firmin sourit, s’allonge et ferme ses deux yeux
Je compte, dit Colas. Avant que j’arrive trente, tu dormiras à poings fermés. Dix, vingt, trente.
Firmin ne bouge pus.
— Et maintenant, ordonne Georges, lève le bras gauche !
Et Firmin lève le bras gauche !
— C’est de la magie, dit Colas. Je ne l’aurais jamais cru.
— Est-ce que je peux abaisser mon bras ? demande Firmin.
Et Georges, tout contrarié :
— Hé quoi, tu ne dormais pas ?