Publié dans le Quotidien Jurassien le 15 juillet 2022
Retoé de pèl’rinaidge
Le pèl’rinaidge en lai Vierdge de Lourdes toutche en sai fin. Demain, aiprès le dédjunon, le car dait raim’naie les viaidgeous en l’hôtâ.
Dains les allous de l’hôtel Pairaidis, ïn vityaire crouje lai djûene sœur dont èl é fait lai coégnéchaince duraint le sédjoué. «
Moi, i aî mai dyïmbarde. I pais dje ci soi. S’ vôs v’lèz, vôs peutes veni d’aivô moi.
» Lai p’tète sœur aiccèpte aich’tôt. Les voili tos les dous ch’ les vies dains lai meucie di s’raye. Lai sôl’tè se f’saint è senti, l’aibbé prepoje de péssaie lai neût quéqu’ paît.
Le motel laivoù qu’ès s’ râtant n’é pus ran qu’ènne tchaimbre. «
Nôs se v’lans bïn chiquaie
», dit l’aibbé. Vôs, Sœur, vôs dremirèz dains l’yét, èt peus moi ch’le cainaipé.
» È poène endremi, èl ât tyiri d’ son sanne :
- Pére, i ai froid.
Le tchairtâle hanne vait yi tçh’ri ènne tieuvéche dains l’armoére èt se r’coutche.
- Pére, i ai aidé froid, bredoéye encoé lai sœuratte.
Sains pipaie mot, l’aibbé vait yi tçhri ènne doûjieme tieuvéche. È crait povoi enfïn çhioûere les eûyes tiaind qu’èlle le raippele ïn trâjîeme côp.
- Écoutèz, Soeur, mit’naint çoli seuffit. Nôs v’lans faire cment s’ nôs étïns mairiès. Lai tieuvéche, allez lai tçh’ri vôs-meinme.
Notes
Les viaidgeous, les pèlerins
dains lai meucie di s’raye, dans le soleil couchant
Lai sôl’tè, la fatigue
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Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Retour de pèlerinage
Le pèlerinage à la Vierge de Lourdes touche à sa fin. Demain après le petit déjeuner, le car doit ramener les pèlerins chez eux.
Dans les couloirs de l’hôtel Paradis, un vicaire croise la religieuse dont il a fait la connaissance durant le séjour. «
Moi, j’ai ma voiture. Je pars déjà ce soir. Si vous voulez, vous pouvez venir avec moi.
» La petite sœur accepte aussitôt. Les voilà tous les deux sur les routes dans le soleil couchant. La fatigue se faisant sentir, l’abbé propose de passer la nuit quelque part.
Le motel où ils s’arrêtent ne dispose plus que d’une seule chambre. «
On va bien s’arranger, dit l’abbé. Vous, ma sœur, vous dormirez dans le lit, et moi sur le canapé.
» À peine endormi, il est tiré de son sommeil :
- Père, j’ai froid.
L’homme compatissant va lui chercher une couverture dans l’armoire puis se recouche.
- Père, j’ai toujours froid, bredouille de nouveau la jeune sœur.
Sans un mot, l’abbé va lui chercher une deuxième couverture. Il croit pouvoir enfin fermer les yeux quand elle le rappelle une troisième fois.
- Écoutez, ma sœur, maintenant ça suffit. On va faire comme si nous étions mariés. La couverture, allez la chercher vous-même.
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