Publié : 3 décembre 2021

Saint Nicolas

Sïnt Nicolas

Bernard Chapuis

Publié dans le Quotidien Jurassien le 3 décembre 2021

Sïnt Nicolas

Ēnne cieutchatte tïnte. - Ô, ç’ât bïn tchie nôs. V’nites â tchâd ! Vôs aivèz ôjè soûetchi poi ci temps ? - È fât bïn. Les afaints m’aittendant. Lai poûetche di poiye s’euvre. Les dous visitous entrant. Le premie ât véti cment ïn évètye. È poétche lai mitre èt lai crosse. Son compaignon, que s’ tïnt en airrie, poétche ïn grant noi mainté. Son tchaipuron yi tchoé ch’ les eûyes.Des voirdges dépéssant de sai craîtche. Sïnt Nicolas – poéche que ç’ât lu – bèye le bonsoi en tus. - Ât-ce qu’ès sont aivu bïn saidges, ces afaints ? Pe aidé, s’i en crais ç’ qu’è y é dains mon grant yivre. Tot y ât notè, djuqu’és pus p’ tètes fredoèyes. Boînaît s’yeuve po dire le couèt poème qu’èl é aippris tchie les soeurs. È trembye, èl ât épaivurie. È n’ se sovïnt de ran. Mains le sïnt évètye ât bïnvéyaint. È yi bèye son crôma : ïn tchait en bôs chu rûattes qu’an poérmene â bout d’ènne face.Po lai grante soeur, ènne gagui. - Poétchèz-vôs bïn, dit sïnt Nicolas, i aî encoé ènne grante virèe. En paitchaint, le fidèye Pére Foûeta bèye en lai mére quéques voirdges. - S’ vôs manquèz, i en aî encoé. Notes fredoèyes, fredainnes chu rûattes, sur roulettes ènne face, une ficelle ènne gagui, une poupée ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Saint Nicolas

Une clochette tinte. - Oui, c’est bien chez nous. Venez au chaud ! Vous avez osé sortir par ce temps ? - Il faut bien. Les enfants m’attendent. La porte du salon s’ouvre. Les deux visiteurs entrent. Le premier est habillé comme un évêque. Il porte la mitre et la crosse. Son compagnon, qui se tient en arrière, porte un grand manteau noir. Son capuchon lui tombe sur les yeux. Des verges dépassent de sa hotte. Saint Nicolas – parce que c’est lui – donne le bonsoir à tout le monde. - Est-ce qu’ils ont été bien sages, ces enfants ? Pas toujours, si j’en crois ce qui figure dans mon grand livre. Tout y est noté, jusqu’aux plus petites fredaines. Benoît se lève pour réciter le court poème qu’il a appris chez les sœurs. Il tremble, il est angoissé. Il ne se souvient de rien. Mais le saint évêque est bienveillant. Il lui donne son cadeau : un chat en bois sur roulettes qu’on promène au bout d’une ficelle. Pour la grande sœur, une poupée. - Portez-vous bien, dit saint Nicolas, j’ai encore une grande tournée. En partant, le fidèle Père Fouettard donne quelques verges à la mère. - Si vous manquez, j’en ai encore.