Radio Fréquence Jura
RFJ
Rubrique en patois du 20 mai 2012
Auteur : Eribert Affolter
Thème : Une histoire de pièces d’or ...
Rfj. 20 maî 2012
Aimis di patois bondjoué.
Ềs fât qu’i vôs raiconteuche l’hichtoire que ç’ât pésè dains ïn vlaidge qu’i congnât bïn. Ïn hanne, Le Tiénat, èt sai fanne lai Mairie, d’morïnt dains ènne leudge r’tirie. Lu, ïn coyat mains nien’p ïn gros traivaiyou, èl aivait putôt di poi dains les mains. Ềs péssait pus de temps â cabairet qu’â môtie. Ïn boiyou que bôlait s’vent dains lai goulatte èt que dreumait, bïn des côps, c’ment ïn tchïn dôs lai tâle.
Lé, ènne fanne qu’allait s’vent â môtie, ènne raîne d’abnétie (une grenouille de bénitier), èl était s’vent graingne d’aivô son hanne. Ềlle djâsait aidé di Bon Dûe èt aivait ènne grosse pavoue di diaîle.
Ïn djoué, Le Tiénat, en r’veniant di cabairet, ïn côp dains le nez c’ment d’aivéji, trove tchu le tchmïn ïn hanne djaelè, r’fraidit que n’boudge pus, quasi moûe.
Ềl épreuve de le r’étchâdaie èt l’aippoétche en l’hôtâ. Mains, airrivè dains lai mâjon, lai Maire conchtate que ç’ât’p ïn hanne mais ïn vé.
Ềl crait que ç’ât le diale èt s’bote è dgnone en f’sïnt des saingnes de croux.
Mon hanne vïnt fô. Ề m’é raimoénaie le diaîle en l’hôtâ.
C’t’hichtoire é ïn p’tét po désoulaie L’Tiénat que s’rend compte mitnaint que ç’nât’p ïn hanne mais ïn vé. Po s’fair poidgenaie èt vait pendre c’te béte â d’vaint l’heû. Ềs muse que, pus taid, è poré en r’tirie queque sous en vandant lai pé.
Ci vé ètait bïn moûe. Ềl aivait maindgie ïn p’tét sai dains léqué è y aivait des pieces d’oûe (des pièces d’or). Çoli l’aivait stopffait, èl en aivait clapsè.
Quéque temps pus taid, ces pieces d’oûe tchoyant de ci vé. Lai Mairie n’en r’vint’p èt cri : «
Oh
! Miraîçhe
»
! Peus, èl se dit que ç’ât ènne tote boènne aiffaire d’aivoi des pieces d’oûe ques tchoiyant che soi (si aisement). Ềt tétche côp qu’èl tire lai coue de ci vé, des pieces tchoyant. Ç’ât vrâment ïn miraîche
!
I en é dédut qu’ç’ât de li qu’vïnt lai musatte : «
Tirie le diale pai lai coue
»
Èt bïn ç’ât tot po adjed’heû. I vôs tchvâ ïn bon duemoine èt ïn bon peûtou che vôs péssè è tâle.
E. Affolter
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20 mai 2012
Amis du patois bonjour.
Il faut que je vous raconte l’histoire qui s’est passée dans un village que je connais bien. Un homme, Etienne, et sa femme Marie, habitaient dans une loge retirée. Lui, un costaud mais pas un grand travailleur, avait plutôt du poil dans la main. Il passait plus de temps au restaurant qu’à l’église. Un buveur qui roulait souvent dans la rigole et qui dormait, bien des fois, comme un chien sous la table.
Elle, une femme qui allait souvent à l’église, une grenouille de bénitier. Elle était souvent fâchée avec son homme, elle parlait toujours du Bon Dieu et avait une peur terrible du diable.
Un jour, Etienne, en revenant du restaurant, un coup dans le nez comme d’habitude, trouve sur le chemin un homme gelé, refroidi ne bougeant plus, presque mort.
Il essaie de le réchauffer et l’apporte à la maison. Mais, arrivé à la maison, Marie constate que ce n’est pas un homme mais un veau.
Elle crut que c’était le Diable et se mit à genoux en faisant des signes de croix.
Mon homme devient fou il m’a ramené le diable à la maison.
Cette histoire a un petit peu dessoûlé Etienne qui se rendit compte que ce n’était pas un homme mais un veau. Pour se faire pardonner il alla pendre cette bête dans l’huis. Il pensa que, plus tard, il pourra en retirer quelques sous en vendant la peau.
Ce veau était bien mort. Il avait mangé un petit sachet dans lequel il y avait des pièces d’or. Cela l’avait étouffé, il en était mort.
Quelques temps après, ces pièces d’or tombèrent de ce veau. Marie n’en revient pas et crie : «
Oh
! Miracle
». Puis, elle se dit que c’est une toute bonne affaire d’avoir des pièces d’or qui tombent si facilement. Et chaque fois qu’elle tira la queue de ce veau, des pièces tombèrent. C’était vraiment un miracle.
J’en ai déduit que c’était de là que vient le dicton : «
Tirer le diable par la queue
».
Et bien c’est tout pour aujourd’hui. Je vous souhaite un bon dimanche et un bon appétit si vous passez à table.
E. Affolter