Djasans

Publié dans le Quotidien Jurassien le 13 septembre 2024

Cocu 

Le p’tèt Léon tchie l’ Grôs, ç’ât ïn bon bogre. Pe métchaint po ïn sô. È s’ léch’rait dépyeumaie sains pipaie mot. Ç’ât ïn ainnonceint. È n’é p’ indgeniè l’âve tchâde ne le flé è copaie l’ beurre. En l’écôle, èl aivait brâment d’ lai poène. Èl é d’ lai tchaince d’aivoi ènne fanne démèrde. Ïn pô trop crais bïn. È traivaiye és tchâfoés è Sïnt-Ochanne. È médi, è maindge en l’Oûe. È rentre le soi tot bianc d’ poussat.

Ïn djouè, è s’ siete en lai tâle tot capot.

- Qu’ât-ce qu’è y é, P’tèt Léon ? yi d’mainde yun d’ ses caim’rades. T’és di tieusain ?

Le p’tèt Léon béche lai téte sains répondre. Les âtres l’encoéraidgeant : « Ne te dgeinne pe, p’tèt Léon, nôs sons entre aimis. Djâse pie ! »

- Éh bïn voili, s’ vôs v’lèz tot saivoi, hyie lai vâprèe, i seus rentrè en l’hôtâ pus tôt qu’ d’aivéje. Èt peus qu’ât-ce qu’i aî trovè ? Mai fanne dains not’ yét d’avô l’ véjïn.

Les quèchtions feûjant : « Qu’ât-ce que te yos és fait ? T’ les és triquès ? T’en és pris yun po tyuaie l’âtre ? »

-Nian. I m’ seus r’tyrie ch’ lai pointe des pies, mains ès aint bïn vu qu’i n’étôs p’ content.

Notes

és tchâfoés è Sïnt-Ochanne , aux fours à chaux à St-Usanne. L’histoire se passe lorsqu’ils étaient encore en activité.

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Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Cocu 

Le p’tit Léon chez l’Gros, c’est un bon bougre. Pas méchant pour un sou. Il se laisserait déplumer sans piper mot. C’est un demeuré qui n’a pas inventé l’eau chaude ni le fil à couper le beurre. À l’école, il avait beaucoup de peine. Il a de la chance d’avoir une femme qui sait se débrouiller. Un peu trop peut-être. Il travaille aux fours à chaux à Saint-Ursanne. À midi, il mange au restaurant de l’Ours. Il rentre le soir tout blanc de poussière.

Un jour, il s’assied à table tout confus.

- Qu’est-ce qu’il y a, p’tit Léon ? lui demande un de ses camarades. Tu as du souci ?

Le p’tit Léon baisse la tête sans répondre. Les autres l’encouragent : « Ne te gêne pas, p’tit Léon, nous sommes entre amis. Parle sans crainte ! »

- Eh bien voilà, si vous voulez tout savoir, hier après-midi, je suis rentré à la maison plus tôt que d’habitude. Et qu’est-ce que j’ai trouvé ? Ma femme dans notre lit avec le voisin.

Les questions fusent : « Qu’est-ce que tu leur as fait ? Tu les as triqués ? Tu en as pris un pour tuer l’autre ? »

-Non. Je me suis retiré sur la pointe des pieds, mais ils ont bien vu que je n’étais pas content.

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