Publié : 28 juin 2018

Histoire de la langue dans le Jura.

Jean-Marie Moine

Histoire de la langue dans le Jura.

{{Les temps préhistoriques.}} C’est l’époque à laquelle les peuples voyagent d’abord beaucoup à la recherche de leur nourriture : cueillette de fruits, chasse. Puis, petit à petit, ils inventent les premiers outils : aiguilles, outils tranchants, haches, harpons qui permettront aux populations de se livrer à une première forme d’agriculture. Pour communiquer entre eux, ils parlent un langage qu’on appelle langue celtique, mais ne savent pas encore écrire. Peu de mots nous sont restés de la langue celtique. Ce sont essentiellement des mots se rapportant à l’habitation, à l’habillement, à la vie à la campagne. Exemples : tchmije (chemise) tchairat (char) tchairrûe (charrue) bâme (grotte) reûtche (ruche ; signifiait « écorce » en gaulois, les abeilles installaient leur ruche dans un tronc évidé) ailouatte (alouette) Il nous reste aussi de cette époque des noms de lieux et de rivières Exemples : Bienne (la cité du dieu Belenos) Le Doubs (rivière noire, sombre) La Birse La Suze (rivière sale et trouble) chaux (lande couverte de bruyère, terre inculte) comme dans La Chaux-d’Abel. {{L’époque romaine.}} A partir du premier siècle av. J.-C., les Romains se sont implantés dans notre région. Ils nous ont apporté leur civilisation et leur langue. Ils ont notamment construit les fameuses voies romaines. La population locale a peu à peu abandonné le gaulois pour parler le latin populaire, le latin savant étant écrit et réservé à une certaine classe. {{Des invasions à la révolution française.}} La description de cette longue époque est compliquée. Les envahisseurs germaniques nous ont laissé de nombreux noms de lieux : Exemples : des noms de villages qui commencent par ou se terminent par cour(t) ou cor(t), tels Codg’doux (Courtedoux), Baîch’couét (Bassecourt), des noms de lieux en vilier : Sonv’lie (Sonvilier), en velier : Dev’lie (Develier), en villers : Epav’lès (Epauvillers), etc. Les colons qui ont défriché les Franches-Montagnes nous ont aussi laissé de nombreux noms de lieux. Exemples : Le Nairmont (la montagne noire) Le Bémont (la belle montagne) Les Bôs (les bois, la forêt) Les Essarts (terrain défriché) Retenons surtout que petit à petit, nos patois sont issus du latin populaire. Ainsi, pendant près de 1500 ans, le patois fut la vraie langue de notre population jurassienne. Pour assurer l’unité du royaume, les rois de France avaient encouragé la création d’un langue noble, le français, à partir du latin savant. Le français était même devenu la langue des gens de la cour en Autriche, des tsars en Russie, par exemple. Avec un brin d’orgueil il faut bien l’avouer, quelques intellectuels jurassiens avaient eux aussi abandonné leur langue maternelle, le patois de leurs ancêtres, pour adopter la noble langue française ! Cependant, jusqu’à la Révolution française, le français ne joue presque aucun rôle dans le Jura. {{De 1800 à nos jours.}} Vers le milieu du siècle passé, l’école fut rendue obligatoire dans le Jura. La langue choisie pour l’enseignement fut évidemment le français. Malheureusement, les instituteurs et les institutrices menèrent souvent une lutte sans merci-contre le patois, la vraie et belle langue du peuple jurassien. Aujourd’hui, vous connaissez le résultat. Vos grands-parents connaissent peut-être encore le patois. Le parlent-ils encore ? Vos parents ne l’ont probablement pas appris. Ils le comprennent peut-être un peu mais ne s’expriment pas dans cette langue. Et vous, chers enfants ? Voulez-vous profiter de l’occasion qui vous est offerte d’apprendre le patois ? Comprenez-vous que le patois fait partie de votre patrimoine, de votre culture jurassienne, de l’âme de votre coin de terre ? Souvenez-vous qu’un peuple est marié avec sa culture, avec la langue de ses ancêtres. Alors inscrivez-vous au cours de patois ! Merci. J-M. Moine Le 21 avril 1998. Histoire de la langue dans le Jura. Les temps préhistoriques. (les hommes ne savent pas encore écrire) Langue celtique Les peuples se déplacent pour trouver leur nourriture : cueillette de fruits, chasse. blûe (myrtille) yievre (lièvre) Puis ils inventent les premiers outils : première forme d’agriculture. Couté (couteau) vengnes (semailles) L’époque romaine. (du premier siècle av. J.-C. au VIᵉ siècle ap. J.-C.) Langue latine Les Romains nous apportent leur civilisation et leur langue. Quelques personnes savent écrire. vie romainne (voie romaine) Des invasions à la révolution française. (VIᵉ siècle ap. J.-C. à 1800 environ) Le patois Du latin populaire vont naître nos patois. Pendant près de 1500 ans, le patois sera la vraie langue du peuple jurassien. Retenons deux mots comme exemples. baittra (baratte à piston) felatte (rouet) De 1800 environ à nos jours. Le français Jusqu’à la Révolution française, le français ne joue presque aucun rôle dans le Jura. Vers le milieu du siècle passé, l’école fut rendue obligatoire dans le Jura. La langue choisie pour l’enseignement fut évidemment le français. Malheureusement, les instituteurs et les institutrices menèrent souvent une lutte sans merci-contre le patois, la vraie et belle langue du peuple jurassien. Aujourd’hui, vous connaissez le résultat. Vos grands-parents connaissent peut-être encore le patois. Le parlent-ils encore ? Vos parents ne l’ont probablement pas appris. Ils le comprennent peut-être un peu mais ne s’expriment pas dans cette langue. Et vous, chers enfants ? Voulez-vous profiter de l’occasion qui vous est offerte d’apprendre le patois ? Comprenez-vous que le patois fait partie de votre patrimoine, de votre culture jurassienne, de l’âme de votre coin de terre ? Souvenez-vous qu’un peuple est marié avec sa culture, avec la langue de ses ancêtres. Alors inscrivez-vous au cours de patois ! Merci. J-M. Moine Le 21 avril 1998.