Publié dans le Quotidien Jurassien le 5 mail 2023
Les çhoés
Ci p’tèt boûebat é d’ lai tchaince, èl é encoé son riere-grant-pére. Poi les bèlles vâprées de paitchi-feu, an les voit se pourmenaie tos les dous dains l’ finaidge :
L’afaint é ïn échprit courieux, è veut saivoi, è veut aippâre, è poje des quèchtions ch’ les oûejés, ch les tyultures.
Dis, Pépé, te m’ dis le nom des çhoés.
I t’ les veus dire en français, c’ment qu’i les aî aippris dains l’ temps tchie mon véye régent.
Çtée-li, è mes pies, qu’ât-ce que ç’ât ?
Ç’ât ènne renoncule. Nos bétes ne lai maingeant pe.
Ah bon. Èt peus cment qu’çoli s’écrit renoncule ?
Le riere-grant-pére épele : R.E / N.O.N / C.U/L.E.
- Èt peus çtée-ci ch’ le rantchat ?
Ç’ât lai carotte sauvage, en patois lai gairatte sâvaidge.
Èt peus çtée-li que yi r’seimbye, ç’ât âchi ènne gairatte sâvaidge ?
Nian, ç’ât l’achillée millefeuille.
Èt peus cment qu’t’épeles achillée millefeuille ?
Le riere-grant-pére, embairraichie :
T’és réjon, petèt, ç’ât bïn ènne gairatte savaidge.
Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Les fleurs
Ce petit garçon a de la chance, il a encore son arrière-grand-père. Par les beaux après-midis printaniers, on les voit se promener tous les deux dans la campagne :
L’enfant a un esprit curieux, il veut savoir, il veut apprendre, il pose des questions sur les oiseaux, sur les cultures.
Dis, Pépé, tu me dis le nom des fleurs.
Je vais te les dire en français, comme je les ai appris autrefois chez mon ancien instituteur.
Celle-ci, à mes pieds, qu’est-ce que c’est ?
C’est une renoncule. Le bétail ne la broute pas.
Ah bon. Et comment ça s’écrit renoncule ?
L’aïeul épelle : R.E / N.O.N / C.U.L.E
Et celle-ci sur le talus ?
C’est la carotte sauvage, en patois lai gairatte sâvaidge.
Et celle-ci qui lui ressemble, c’est aussi une carotte sauvage ?
Non, c’est l’achillée millefeuille.
Et comment tu épelles achillée millefeuille ?
L’arrière-grand-père, embarrassé :
Tu as raison, petiot, c’est bien une carotte sauvage.