Publié : 15 novembre 2023

Sevrage

Sevraidge

Bernard Chapuis

Publié dans le Quotidien Jurassien le 1er septembre 2023

Sevraidge

Source : Jean-Marie Voirol, Porrentruy - T’y étôs hyie â soi en lai tombola d’ lai Sïnte-Cécile ? demainde le Piera en son véjïn Djôsèt. - Ô. T’airôs daivu v’ni. È y aivait des bés lots. L’ l’Hortense é dyaingnie ïn bon d’aitchait de dous cents francs dains les maigaisïns d’ Poérreintru. Yun d’ Bonfô é dyaingnie ïn lapïn, ènne fanne de Vendlïncouèt ïn p’tèt létan. - Èt peus toi, t’ n’és ran dyaingnie ? - Chié. I airôs meus ainmè ïn bon d’aitchait, ïn laipïn o bïn ïn p’tèt létan. Fidyure-te qu’i aî dyaingnie ïn aînne. - Èt peus laivoù qu’èl ât mit’naint çt’aînne ? - Dains ènne fèrme di Çhiôs di Doubs. Ès daint m’ l’aimoinnaie lai s’nainne que vïnt. Qu’ât-ce qu’i en veus faire ? Laivoù l’ botaie, cment l’ neurri ? Çoli veut encoé m’ cotaie. – Bote-le dains ton voirdgie ! – Ô, mains l’huvie ? – Aitchete ènne botte de foin. Chés mois pus taîd : - Èt peus ton aînne, Djosèt, c’ment qu’è vait ? - I n’en aî pus. En l’aicmence, è n’ maindgeait qu’ïn côp poi djoué. Aiprés, i l’aî haibituè è maindgie tos les dous djoués, peus ran qu’ïn côp poi s’nainne. È s’aiccôtumait drèt bïn è n’ pus maindgie tyaind qu’èl ât crevè. Note Sevraidge, régime alimentaire (sevrage) ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Sevrage

- Tu y étais hier soir à la tombola de la Sainte-Cécile ? demande Pierre à son voisin Joseph. - Oui. Tu aurais dû venir. Il y avait de beaux lots. Hortense a gagné un bon d’achat de deux cents francs dans les magasins de Porrentruy. Un homme de Bonfol a gagné un lapin, une femme de Vendlincourt un porcelet. - Et toi, tu n’as rien gagné ? - Si, J’aurais préféré un bon d’achat, un lapin ou un porcelet. Figure-toi que j’ai gagné un âne. - Et où est-il maintenant cet âne ? - Dans une ferme di Clos-du-Doubs. On doit me l’amener la semaine prochaine. Qu’est-ce que je vais en faire ? Où le mettre, comment le nourrir ? Ça me coûtera encore de l’argent. – Mets-le dans ton verger ! – Oui, mais l’hiver ? – Achète une botte de foin. Six mois plus tard : - Et ton âne, Joseph, comment va-t-il ? - Je n’en ai plus. Au début, il ne mangeait qu’une fois par jour. Après je l’ai habitué à manger tous les deux jours, puis rien qu’une fois par semaine. Il s’habituait justement à ne plus manger quand il a crevé. { {{Les chroniques patoises de Bernard Chapuis en 2022- 23}} } {{ {Toutes les chroniques patoises de Bernard Chapuis} }}