
Publié dans le Quotidien Jurassien le 24 février 2023
Ç’ qu’é l’ pus tchaindgie
Encoé ènne tote boènne de çt’Eric Ankli
È y é le Charles èt peus lai Jeanne le soi en moirandaint que pailant di véye temps .
Te n’ sais pe, Jeanne, mit’naint qu’ nôs sons en lai r’traite, qu’ nôs ains ïn pô les moiyïns, i voérrôs bïn r’touénaie dains ci p’tèt hôtel è Lugano tiaind qu’ nôs s’ sons mairiès è y é quairante-dous ans.
Eh bïn, çoli me f’rait bïn piaiji aito. È nôs fât y allaie.
Ès airrivant dains çt’ hôtel èt peus, les djoués cheuyaints, ès djâsant d’aivô l’ paitron. Le Charles yi dit :
Vôs saites, è y é quairante-dous ans, nôs étïns ci, tchie vôs, po not’ neût d’ nace. Ç’ât l’ premie côp qu’ nôs r’venians.
Le paitron yeuve les oeûyes, raivoéte son hôtel :
Èt peus, vôs trovèz que çoli é tchaindgie ?
Ô bogre âye, que çoli é bïn tchaindgie, que répond le Charles. Mains ç’ât â yét que çoli é l’ pus tchaindgie.
Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Encore une toute bonne d’Éric Ankli
Ce qui a le plus changé
Le soir, au souper, Charles et Jeanne évoquent le temps passé.
Tu sais quoi, Jeanne, maintenant que nous sommes à la retraite, que nous avons un peu les moyens, je voudrais bien retourner dans ce petit hôtel à Lugano où nous étions en tour de noce il y a quarante-deux ans.
Eh bien, ça me ferait plaisir aussi. Il nous faut y aller.
Ils arrivent dans cet hôtel et les jours suivants, ils parlent avec le patron. Charles lui dit :
Vous savez, il y a quarante-deux ans, nous étions ici, chez vous, pour notre nuit de noce. C’est la première fois que nous revenons.
Le patron lève les yeux, regarde son hôtel :
Et vous trouvez que ça a changé ?
Oh bougre oui que ça a bien changé, répond Charles. Mais c’est au lit que ça a le plus changé.