Djasans

Publié dans le Quotidien Jurassien le 22 juillet 2022

Ènne faimille de dyïndyous

- T’ m’és l’air éroyenè. T’és des cèneus dôs les eûyes.T’és les papieres que tchoiyant. T’és fait lai nace ou bïn quoi ? - È n’y é p’ de quoi étre en lai nace. Po ne ran t’ caitchie, i seus d’ trop en l’hôtâ. - Qu’ât-ce que te m’ tchaintes poi li. Ènne che tchairmainte faimille. Laivou qu’èl ât, le probyème ? - Le probyème, tchie nôs, ç’ât qu’ tus faint d’ lai musitye. - Yé bïn, t’en és d’ lai tchaince. I voérrôs bïn étre en tai pyaice. Èt peus qu’ât-ce qu’ès djuant ? - Mai fanne djûe di piano di maitïn â soi. Mai baichatte djûe di’ lai dyidye, tote lai sïnte djouènèe èt peus mon boûebe ât aidé chu sai guitare élèctritye. I n’ suppoétche pus. - Poquoi qu’ te n’ djûerais pe toi âchi d’ïn inchtrument ? È n’ât djemais trop taîd po s’y botaie. - Lequél ? - I n’ sais pe, moi, le taimboé. - Te sais l’ brut que çoli fait ïn taimboé ? I les déraindg’rôs. - Èt peus yos, ès n’ te dérandgeant pe ? Bote-te â taimboé ! Ès tçherant djeut’ment ïn taimboérnou en lai fanfoére des Nois. - Moi, ïn Roudge, dains lai fanfoére des Nois ? Notes éroyenè, fatigué, éreinté, Ènne faimille de dyïndous, une famille de musiciens des cèneus, des cernes lai dyidye, le violon ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Une famille de musiciens

- Tu m’as l’air épuisé ? Tu as des cernes sous les yeux. Tu as les paupières qui tombent. Tu as fait la noce ou quoi ? - Il n’y a pas de quoi être à la noce. Pour ne rien te cacher, je suis de trop chez moi. - Qu’est-ce que tu me chantes par là. Une si charmante famille. Où est le problème ? - Le problème, chez nous, c’est que tous font de la musique. - Eh bien, tu en as de la chance. Je voudrais bien être à ta place. Et puis de quel instrument est-ce qu’ils jouent ? - Ma femme joue du piano du matin au soir. Ma fille joue du violon toute la sainte journée mon fils est toujours sur sa guitare électrique. Je ne supporte plus. - Pourquoi ne jouerais-tu pas d’un instrument toi aussi ? Il n’est jamais trop tard pour s’y mettre. - Lequel ? - Je ne sais pas, moi, le tambour. - Tu sais le bruit que ça fait un tambour ? Je les dérangerais. - Et eux, alors, ils ne te dérangent pas peut-être ? Mets-toi au tambour ! Ils en cherchent justement un la fanfare des Noirs. - Moi, un Rouge, dans la fanfare des Noirs ? { {{Les chroniques patoises de Bernard Chapuis en 2022}} } {{ {Toutes les chroniques patoises de Bernard Chapuis} }}