
Denis Moine tient la plume avec alacrité et persévérance. Chaque jour, il nous rappelle des images et des événements du temps passé dans sa chronique Au fil du temps, publiée dans le Quotidien jurassien.
Un tout grand merci à cet illustrateur de la vie jurassienne !
Nous reprenons ici ses voeux parus dans LQJ du 31 décembre 2010.
Souhaits
Bonne année 1898, dites-le en patois !
Denis Moine, Au fil du temps, LQJ, 31.12.2010
On peut imaginer cent manières de faire des vœux pour l’an nouveau, le Jura-Dimanche publié le 2 janvier 1898 le prouve C’man quoi an peu souhaitais lai bouenne annaie chï bîn an patois qu’an français. - Comme quoi on peut souhaiter la bonne année aussi bien en patois qu’en français- .
Texte et son :
Un rimeur facétieux déroule ses couplets :
Entendre l’enregistrement par Michel Dominé, Vicques :
I sâte poichi poili,
Selon mon bon piaigi.
Poi qué bout fa-t-é c’mancê
Pou tu vos mouennaie à cie ?
Je saute par-ci, par-là
Selon mon bon plaisir.
Par quel bout faut-il commencer
Pour vous conduire tous au ciel ?
Le gaillard, dans son savoureux langage, souhaite le bon an aux notables comme aux petites gens :
Es ambourgs lai dignitaie,
Es aivocats lai véritaie.
Es broynous d’politique
Tschairivairi en musique.
Es prêtes l’indulgence,
Es régents lai patience
Es pécheurs lai pénitence,
Es boyous l’abstinence
Enne couedge pou le bregand,
Di travaye à gros pacant.
A blantschie, à bouétschie
Pu bés prie, ai moyoue tschie.
Es schirs lai tschairitaie,
An tot le monde lai saintaie.
An lai baichatte qu’a saidge
Le pu bé bouebe di v’iaidge.
I finâ mai ritournelle
En vo dmaindaint, lai belle,
Tôt bâlment pou l’aimeunie
In p’tét mot ai ’in baigie !
Aux conseillers la dignité,
Aux avocats la vérité.
Aux tripoteurs de politique
Charivari cacophonique.
Aux prêtres l’indulgence,
Aux régents la patience.
Aux pécheurs la pénitence,
Aux buveurs l’abstinence.
Une corde pour le brigand,
Du travail au gros feignant.
Au boulanger, au boucher
Plus bas prix et meilleure chair.
Aux riches la charité,
A tout le monde la santé.
A la fille qui est sage
Le plus beau garçon du village.
Je termine ma ritournelle
En vous demandant, la belle,
Tout simplement pour le mendiant
Un petit mot et un baiser.
Denis Moine
photo DiJu
La publication originale dans Jura Dimanche, à Porrentruy
Texte pour impression :
Mise en page originale