Publié : 6 octobre 2023

La poste au temps des diligences

Lai pochte â temps des diligences

Bernard Chapuis

Publié dans le Quotidien Jurassien le 6 octobre 2023

Lai pochte â temps des diligences

{Source : Jean-Marie Voirol, Porrentruy} Aivaint qu’è n’y euche le car de Poérreintru è Bure, le sèrvice était aichurè poi ènne diligence. Ïn bïn grant mot po ci cotche inconfortâbye que poéyait aittyeuyi dous viadgeous drie èt yun d’vaint â long di cotchie. È tranchpoétchait âchi les colis, les lattres èt lai feuye. Le cotchie f’sait donc le postie daivô sai cairriôle èt son tch’vâ. Enson lai Presse, è s’râtait aidé â cabairèt. Le tch’vâ était che aiccoutumè qu’è s’râtait de lu-meinme. Des dgens s’étïnt pyaints que le courrie airrivait en r’taîd. Lai fâte en ci cotchie qu’aivait soi dâ tot â maitïn. Ïn djoué, è voit ïn hanne bïn véti, coiffè d’ïn tchaipé-tyube que yi bèyait l’air chtrèngue. « Oh, qu’è s’ muse, ci bordgèt-li ne m’ dit ran d’ bon. Méfians-nôs. » L’incoégnu s’aippreutche de sai cairriôle èt yi dit : - Vôs étes bïn le réchponsâbye di tranchport di courrie po Bure ? – Ô, ç’ât bïn moi. - I peus montaie d’aivô vôs ? - Bïn v’lantie. En lai hâtou di cabairèt, le cotchie fait tchaiquaie sai rieme èt, s’adrâssaint â tch’vâ : « Hue, Bichatte ! » Le tch’vâ ne s’ât p’ râtè, èl é continuè. Tyaind qu’ès sont airrivès è Bure, le bé chire s’ât présenté : - I seus inchpècteur des PTT. An m’ont tchairdgie d’ moénaie ènne enquête è vot’ sudgèt. Vôs saîtes, les dgens sont vrâment métchaints. Ès prétendant qu’ vôs s’ râtèz tos les djoués â cabairèt po boire ïn côp d’vaint qu’ d’aippoétchaie l’ courrie. Note Lai Presse, la route de Bure Le cotche, le coche, voiture attelée. Le cotchie, le cocher fait tchaiquaie sai rieme, fait claquer son fouet ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

La poste au temps des diligences

Avant le car postal de Porrentruy à Bure, le service était assuré par une diligence. Un bien grand mot pour ce coche inconfortable qui pouvait accueillir deux voyageurs derrière et un devant à côté du cocher. Il transportait aussi les colis, le courrier et le journal. Le cocher faisait donc office de postier avec sa carriole et son cheval. Parvenu en haut de la Presse, il s’arrêtait toujours à l’auberge. Le cheval y était si habitué qu’il s’arrêtait de lui-même. Certaines personnes s’étaient plaintes que le courrier arrivait en retard. La faute au cocher qui avait soif dès le matin. Un jour, celui-ci voit un homme bien vêtu, coiffé d’un haut-de-forme que lui donnait un air rébarbatif. « Oh, se dit-il, ce bourgeois-là ne me dit rien qui vaille. Méfions-nous. » L’inconnu s’approche de sa voiture et lui dit : - Vous êtes bien le responsable du transport du courrier pour Bure ? – Oui, c’est bien moi. - Je peux monter avec vous ? - Bien volontiers. À l’approche de l’auberge, le cocher fait claquer son fouet et, s’adressant cheval : « Hue, Bichette ! » Le cheval ne s’est pas arrêté, il a continué. Quand ils sont arrivés à Bure, le beau monsieur s’est présenté : - Je suis inspecteur des PTT. On m’a chargé de mener une enquête à votre sujet. Vous savez, les gens sont vraiment méchants. Ils prétendent que vous vous arrêtez tous les jours à l’auberge pour boire un verre avant d’apporter le courrier. { {{Les chroniques patoises de Bernard Chapuis en 2022- 23}} } {{ {Toutes les chroniques patoises de Bernard Chapuis} }}