Publié : 1er mars

Au synode

 synôde

Bernard Chapuis

Publié dans le Quotidien Jurassien le 1er mars 2024

 synôde

{Source : Jean-Marie Voirol, Porrentruy} Çi maîdgi maitïn, lai rotte des régents d’Aidjoûe tïnt son aissembyèe. Po ci grant djoué de synôde, ès aint bèyie condgie és éyeuves. Ès sont tus v’nis, meinme cés qu’ sont en lai r’traite. Mains, è sanne qu’è mainque quéqu’un, çt’ Alfred. Le brut rite qu’èl ât d’moérè dains sai tyaisse. Qu’ât-ce qu’è yi é pris ? Èl é rébyè ou bïn quoi ? Ât-ce qu’è s’rait malaite ?

Lai vâprèe, ès aint djâsè d’ lai paiye èt ès aint graiy’nè ènne lattre â governement. Voi les chés, çt’ Alfred s’ât pointè po l’apéro mine de ran. Èl é sopè d’aivô les âtres. Aiprés l’ sopè, piaice â divèrtich’ment. Le maestro s’ât botè â piano, le Tchaipu è pris sai dyïndye èt l’ Willy son harmonica. Ès aint tchaintè, ès aint dainsie.
Ès aint bu voirre chu voirre, l’Alfred pus qu’ les âtres.

L’ïnchpècteur èt l’ Alfred sont des véyes caim’rades. Ès étïnt ensoénne és étyudes. Le synôde, ç’ât po yôs l’occasion de se r’trovaie. Ïn pô aivaint mineût, tos ces régents sont paitchis. Ès aivïnt l’écôle le lend’main. L’Alfred é raimoénè son aimi l’ïnchpècteur en l’hôtâ. Ès aint bu des cafés dains lesquéls è y aivait pus d’ gotte que d’café, ès aint djâsè di bon temps d’yote djuênaince. Que d’ bés seuv’nis ! Èl é fri les trâs â cieutchie. Ès n’aivïnt p’ vu le temps péssaie.

-Dis voûere, fait l’ïnchpècteur, c’ment qu’ te veus faire po t’ni l’écôle âdj’d’heû ?

- Oh, qu’è yi réponju, te m’ coégnâs. I aî pris totes mes dichpositions, te penses bïn. I aî dit és éyeuves que l’ synôde, ç’ât âdj’d’heû. .

{Note

Le jour de synode était traditionnellement jour de congé officiel. son harmonica, son accordéon (Vatré)} ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Au synode

Ce mardi matin, les enseignants ajoulots tiennent leur assemblée. Pour ce grand jour de synode, ils ont donné congé aux élèves. Ils sont tous venus, même les retraités. Il semble cependant qu’il manque quelqu’un, Alfred. Le bruit court qu’il est resté dans sa classe. Qu’est-ce qu’il lui a pris ? Il a oublié ou quoi ? Serait-il malade ?

L’après-midi, les enseignants ont parlé salaire et adressé une requête au gouvernement. Vers les six heures, Alfred s’est pointé pour l’apéritif, mine de rien. Il a soupé avec les autres. Après le souper, place aux réjouissances. Le maestro s’est mis au piano, Chapuis a pris son violon et Willy son accordéon. Ils ont chanté, ils ont dansé. Ils ont bu verre sur verre, Alfred plus que les autres.

L’inspecteur et Alfred sont de vieux amis. Ils ont fait leurs études ensemble. Le synode est pour eux l’occasion de se retrouver. Un peu avant minuit, tous ces enseignants sont partis. Ils tenaient classe le lendemain. Alfred a entraîné chez lui son ami inspecteur. Ils ont bu des cafés dans lesquels il y avait plus d’alcool que de café, ils ont évoqué le bon temps de leur jeunesse. Que de beaux souvenirs ! Trois heures ont sonné au clocher. Ils n’avaient pas vu le temps passer.

-Dis donc, fait l’inspecteur, comment vas-tu faire pour tenir l’école aujourd’hui ?

- Oh, répond-il, tu me connais. J’ai pris toutes mes dispositions, tu penses bien. J’ai dit à mes élèves qu’il y a synode aujourd’hui.

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