Publié : 4 août 2023

Les bonnes mœurs

Les boénnes moeurs

Bernard Chapuis

Publié dans le Quotidien Jurassien le 4 août 2023 Source : Jean-Marie Voirol, Porentruy

Les boénnes moeurs

Dains l’ temps, an n’ badinait pe d’aivô lai morale. Le maire èt le tiurie s’entendïnt po faire rèchpectaie les boénnes mœurs. Le conseil de bairoiche èt le conseil tieum’nâ mairtchïnt main dains lai main. Lai Mairie, ç’ât ènne véye baîchatte. Ïn djoué, le tiurie yi dit : « Oyîtes-me, Mairie, tot l’ monde sait qu’ vôs r’cietes de temps en temps ci Léon d’ lai Combe. I vôs comprends, mains çoli n’ât p’ conv’nyâbye, taint po lu qu’ po vôs. Le meus çoli s’rait d’ vôs mairiaie. Ès en aint dichcutè â conseil de bairoitche. Ès aint dit qu’ès v’lant v’ni vôs trovaie. » – Ès poéyant v’ni. I veus yi dire, â présideint, qu’èl aicmenceuche poi écouvaie dvaint sai poûetche. Ènne s’naine aiprès : - Aidonc, laivoù qu’ vôs en étes d’aivô ci mairiaidge ? yi r’demainde le tiurie. Èl ât grant temps d’ vôs déchidaie. Ci côp ç’ât l’ conseil tieum’nâ qu’ veut v’ni. Vôs v’lèz voûere, le maire vôs veut botaie chu l’ drèt tchemïn, cment qu’an dit. – Oh bïn çtu-li, i aî âchi âtye è yi dire. Qu’è v’nieuche pie, i l’aittends. – Mains tot d’meinme, Mairie, musèz ïn pô. Ènne boénne bairoitchouse cment vôs, ç’ât vote daivoi d’ bèyie l’éxempye. Vôs vôs mairièz, èt peus an n’en djâse pus. - Nian nian nian. Nôs mairiaie, poquoi faire ? Qu’ât-ce que çoli tchaindg’rait ? I veus bïn vôs dire, Môsieû l’ Tiurie, des côps, s’ vôs nôs, voiyïns, ,ç’ât cment se nôs l’étïns. ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Les bonnes mœurs

Autrefois, an ne badinait pas avec lai morale. Le maire et le curé s’entendaient pour faire respecter les bonnes mœurs. Le conseil de paroisse et le conseil communal marchaient main dans la main. Marie est ce qu’il est convenu d’appeler une vieille fille. Un jour, le curé lui dit : « Écoutez-moi, Marie, tout le monde sait que vous recevez de temps en temps ce Léon de la Combe. Je vous comprends, mais cela n’est pas convenable, autant de votre part que de la sienne. Le mieux serait de vous marier. Ils en ont discuté au conseil de paroisse. Ils ont dit qu’ils allaient venir vous trouver. » – Ils peuvent venir. Je dirai au président qu’il commence par balayer devant sa porte. Une semaine plus tard : - Alors, où en êtes-vous avec ce mariage ? lui redemande le curé. Il est grand temps de vous décider. Cette fois, c’est le conseil communal qui viendra. Vous verrez, le maire vous mettra sur le droit chemin, comme on dit. – Oh bien celui-là, j’ai aussi quelque chose à lui dire. Qu’il vienne donc, je l’attends. – Mais tout de même, Marie, réfléchissez ! Une bonne paroissienne comme vous, c’est votre devoir de donner l’exemple. Vous vous mariez, et on n’en parle plus. - Non non non. Nous marier, pourquoi faire ? Qu’est-ce que cela changerait ? Je vais vous dire, Monsieur le Curé, des fois, si vous nous, voyiez, c’est comme si nous l’étions. { {{Les chroniques patoises de Bernard Chapuis en 2022- 23}} } {{ {Toutes les chroniques patoises de Bernard Chapuis} }}