Djasans

Publié dans le Quotidien Jurassien le 22 novembre 2024

Aiffrontement

Tchie nôs, è y é des Christ, des Moine, èt meinme des Pape. I coégnéchôs ïn Pape que s’aipp’lait François, cment çtu di Vatican. Dains mai bairoitche, è y eut ïn temps ïn Abbé Roy. En lai grant-mâsse di dûemoène, quéques hannes pregnïnt pyaice ch’ les élaus. Li-enson, ès djâsïnt ensoènne tot di temps d’ l’office. Le nové tyurie, l’Abbé Roy, déchidé de les raipp’laie en l’oûedre. Ç’ n’était p’ yote pyaice. Les élaus sont résèrvès és tchaintous d’ lai Sïnte-Cécile. È touénné di hât d’ lai tchaïre : « Vôs daites déchendre èt vos sietaie dains les baincs, è drète d’ lai sen des hannes. » C’était çhai, è n’y aivait p’è dichcutaie. Ès sont tus déchendus la téte béche, tus safe ïn nanmè Pape. Feu d’ lu, l’Abbé Roy è breûyè en l’ môtraint di doigt : « Pape, i vôs sanme de déchendre dains les bancs, èt peu tot comptant. »

Sains s’ décontnainchie, ci Pape, ènne téte de boc, yi é réponju :

- Dâ tiaind qu ’ le roi commainde â pape ?

Ç’ât l’Adolphe d’ lai carriere que raicontait çt’hichtoire. È finissait aidé en dyaint : « Èt peus ç’ât que ç’ât vrai. » Se çoli s’ât vrâment péssè dïnche, i n’en sais ran, i n’étôs p’oncoé tchoè â monde. Mains se ç’ n’ât p’ vrai, ç’ât bïn trovè, cment qu’an dit è Rome.

Notes

d’ lai sen des hannes, du côté des hommes. Autrefois, dans nos églises, hommes et femmes étaient séparés. Les hannes é drète, les fannes è gâtche.

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Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Affrontement

Chez nous, il y a des Christ, des Moine, et même des Pape. Je connaissais un Pape que s’appelait François, comme celui du Vatican. Dans ma paroisse, il y eut un temps un Abbé Roy. À la grand-messe du dimanche, quelques hommes prenaient place sur les tribunes. Là-haut, ils parlaient ensemble tout du temps de l’office. Le nouveau curé, l’Abbé Roy, décida de les rappeler à l’ordre. Ce n’était pas leur place. Les tribunes sont réservées aux chantres de la Sainte-Cécile. Il fulmina du haut de la chaire : « Vous devez descendre et vous asseoir dans les bancs, à droite du côté des hommes. 

C’était clair, il n’y avait pas à discuter. Ils sont tous descendus la tête basse, tous, sauf un nommé Pape. Hors de lui, l’Abbé Roy a crié en le pointant du doigt : « Pape, je vous sommes de descendre dans les bancs, et immédiatement. »

Sans se laisser intimider, ce Pape, une forte tête, lui répond :

- Depuis quand est-ce que le roi commande au pape ?

C’est Adolphe de la carrière qui racontait cette histoire. Il concluait toujours en disant : « Et puis c’est véridique. » Si cela s’est vraiment passé ainsi, je n’en sais rien, je n’étais pas encore au monde. Mais si ce n’est pas vrai, c’est bien trouvé, comme on dit à Rome.

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