Publié dans le Quotidien Jurassien le 31 décembre 2021
Le redyaîd
Dûe é fait le redyaîd
èt I’hanne ât dev’ni Hanne.
È y é des redyaîds bieus cment des soûerches.
È y é des redyaîds veûds cment l’abseince.
I aî coégnu lai poisantou des redyaîds.
I aî vu des redyaîds fure
o se çhioûere è djemais
d’âtres se fannaie aivaint le soroiye.
L’aimoé ât ïn âtre redyaîd.
L’aimoé ât le redyaîd de l’Âtre.
Èl é lai raimoyaince des soûerches
voù lai soi s’aipaije èt se pésse.
L’aimoé ât ïn premie redyaîd,
redyaîd di tot premie l’aimoé.
Èl ât fredonnaidge èt tarou
èl ât prayiere, aimialerie.
L’aimoé, ïn étchaidgie redyaîd
que tchaindge le flé nos djoués.
Èl ât échpoi, èl ât réfiaince,
èl ât bodgeon, bontemps, promèche.
I yés â fond de ton redyaîd
ton nom croujie d’aivô mon nom.
Notes
le redyaîd, le regard
lai raimoyaince, le reflet
fredonnaidge èt tarou, murmure et tendresse
aimialerie, caresse
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Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Le regard
Dieu créa le regard
et l’homme devint Homme
Il y a des regards bleus comme des sources,
Il y a des regards vides comme l’absence.
J’ai connu le poids des regards,
j’ai vu des regards fuir
ou se fermer à tout jamais,
d’autres s’éteindre avant l’aurore
L’amour est un autre regard,
l’amour est le regard de l’Autre
ll a le chatoiement des sources
où la soif s’apaise et s’étanche.
L’amour est un premier regard,
celui du tout premier amour.
ll est murmure, il est tendresse
il est prière, il est caresse.
L’amour, un regard échangé
Qui change le fil de nos jours.
ll est espoir, il est hardiesse.
Il est bourgeon, printemps, promesse.
Je lis au fond de ton regard
mon nom en regard de ton nom.