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Publié : 4 janvier 2023

Seul au monde, tu veux rire...

Tot d’pai toi tchu ç’te bôle, te veus rire...

l’Micou. Michel Cerf, dans l’AJOIE

Tot d’pai toi tchu ç’te bôle, te veus rire...

È n’y è’pe grand i aivô fait mon biat tchu ç’te tieumènne de Bauma, de lai san de Zurich qu’avait déchidè que lés cieutcheries ne s’raint pu raivoéties c’ment dés bruts ! Dâli, lo brut dés cieutches dés vaches, o bïn ç’tu dés cieutches dés môties n’étïmpent dés bruts... Voili que mitnaint, è s’y trove d’âtres tieumènnes que pregnant lai déchision de ne pu aidmâtre lo brut dés cieutcheries tot près dés mâjons o bïn que fixant des houres laivoû an ne lés dairait’pe oûyi. I me d’mainde che ç’n’ât’pe lo moment de raippelaie en cés que v’lant vivre en lai caimpagne qu’aivô tos lés aivaintaidges qu’an y peut trovaie, è fât saivoi suppoétchaie dous trâs p’tès l’embétements. È y é bïn chur lés pous que tchaintant en lai pitçhatte di djouè, lés vaitches, aivô yôs cieutches, que léchant dés bouses ïn po paitcho. Tiaind que lai mieûle ne déborde pe tchu lai vie, ç’ât lés tirous o lés moûechneuses que faint di poussa â long dés y’sues qu’vôs épreuvèz de léchie satchie â s’raye. Èt peu, è y é cès afaints, enfïn lés afaints dés âtres, que breuyant d’dôs vôs f’nétres, tiaind è ne fotant’pe yôt’ plote dains l’tieutchi. Lés cieutches di môtie vôs tirant di yé lo maitïn bïn trop tôt, mains en pus, tos lés quâts d’houre, èlles s’y r’botant po dire lo temps qu’an vit en cés que traivaiyant ès tchaimps... Tiaind an muse que po trovaie tot çoli, vôs éz tçhittie lai vèlle aivô totes cés dyimbardes que ronflant, cés klaxons, cés taxis que reugnant sains râtaie en lai r’tchiertche de voiyaidgeous. Lés breuyais dés noçous que paitchant di cabarêt en mé de lai neût sains musaie en cés que voérïnt dreumi. Èt peu lai pollution, lés gaz dés dyimbardes, lés miedges dés p’tèts tchïns, lés paipies qu’an léche tchoire tchu lai vie. Totes cés lumieres, cés réclames, cés roudges fûes que vôs faint piedre di temps en tos lés croug’ments, vôs ne lés poyïnt pu vouêre. Poétchaint, djemais vôs n’éz dépojè piainte, vos éz tot chuppoétchè en vôs diant qu’en lai caimpaigne çoli s’rait brâment meu. Vôs éz aittendu lai boénne aiffaire, raissembiè tos lés p’tèts sous qu’vôs aivïns botaie d’ènne san... È peu mitnaint qu’vôs y étes en ç’te caimpaigne taint aittendue, vôs ès di mâ de vôs aivéjie en lai mainiere de vivre dés dgens ? Li, més bons aimis, è y é âtçhe que coisse. Vôs d’ries saivoi que vôt’ libretè s’airrâte laivoù c’maince lai libretè dés âtres. È peus, en dichtiutaint, an trove quasi aidé ïn épiais po vivre daidroit aivô lés dgens que vôs aint aitçheuyi dains yôt câtchie. Dâli, che vôs tçh’ries vartabyement lo paije, è vôs rèchte lai possibilitè de déménaidgie ïn d’rie côp èt de vôs ïnchtallaie tchu ènne île, bïn loin de tote cev’lisachion, mains li, vôs taitch’réz de n’pe v’ni malaite, poûeche que lai sireinne de l’ambulaince, vôs lai peûtes aittendre... L’micou

Seul au monde, tu veux rire...

Il n’y a pas si longtemps, j’avais fait mon billet sur cette commune de Bauma, du côté de Zurich qui avait décidé que les sonneries ne seraient plus considérées comme des bruits ! Dès lors, le bruit des cloches des vaches ou des cloches des églises n’étaient plus des bruits... Voici que maintenant, il s’y trouve d’autres communes qui prennent la décision de ne plus admettre le son des cloches tout près des maisons, ou bien qui fixent des heures où on ne devrait pas les entendre. Je me demande si ce n’est pas le moment de rappeler à ceux qui veulent vivre à la campagne qu’avec les avantages qu’on y peut trouver, il faut savoir supporter quelques inconvénients. Il y a bien sûr les coqs qui chantent à la pointe du jour, les vaches, avec leurs sonnailles, qui laissent des bouses un peu partout. Quand le purin ne déborde pas sur la route, ce sont les tracteurs ou les moissonneuses qui font de la poussière sur le linge que vous essayez de faire sécher au soleil. Et puis il y a ces enfants, enfin les enfants des autres, qui crient sous vos fenêtres, quand ils ne lancent pas leur ballon dans votre jardin. Les cloches des églises vous tirent du lit le matin bien trop tôt, mais en plus, tous les quarts d’heure, elles remettent ça pour dire le temps qu’on vit à ceux qui travaillent aux champs... Quand on pense que pour trouver cela, vous avez quitté la ville avec toutes ses voitures qui ronflent, ces klaxons, ces taxis qui rôdent sans cesse à la recherche de voyageurs, les crottes des petits chiens, les papiers qu’on laisse tomber sur la route. Toutes ces lumières, ces publicités, ces feux rouges qui vous font perdre du temps à tous les croisements, vous ne pouviez plus les voir... Pourtant, jamais vous n’avez déposé plainte, vous avez tout supporté en vous disant qu’à la campagne ce serait beaucoup mieux. Vous avez attendu la bonne affaire, rassemblé tous les petits sous que vous aviez mis de côté... Et puis maintenant que vous y êtes dans cette campagne, vous avez du mal à vous habituer à la manière de vivre des gens. Là, mes bons amis, il y a quelque chose qui dérange ! Vous devez savoir que votre liberté s’arrête là où commence celle des autres. Et puis, en discutant, on arrive presque toujours à trouver un arrangement pour vivre comme il faut avec les gens qui vous ont accueilli dans leur quartier. Alors, si vous cherchez vraiment le calme, il vous reste la possibilité de déménager une nouvelle fois et de vous installer sur une île, loin de toute civilisation. Mais là, vous tâcherez de ne pas tomber malade, parce que la sirène de l’ambulance, vous pouvez l’attendre !