Par : Fleury LJ
Publié : 18 janvier 2014

Un sortilège

ïn soue

Bernard Chapuis

Paru dans LQJ du 18 janvier 2014 {Ci Dio aivait ènne tote bèlle djûene fanne èt peus dés tot bés l’afaints. Mains sai fanne ne yi seuffijait pe. Èl aivait ènne maîtrasse en lai vèlle. Tot l’monde â vlaidge le saivait, safe sai poûere fanne. Èl yi diait dés mentes. « Aidûe, Bichette, boènne neût, lés afaints. I vais â Männerchor », que diait ci gros mentou. Lai Bichette lo craiyait, èlle aivait ènne tâle réfiainche en son hanne. Lés ennûs aint ècmencie d’aivô son aiccretche. Èl é fait ènne bardèe d’aivô sai neuve dyimbarde. L’auto, fotue ; lu, ran, Dûe sait b’ni. Aiprés, ç’ât lai pus bèlle vaitche de l’étâle que crevé. Son boûba ât tchoé malaite. L’aiccoutch’ment d’ sai fanne s’ât mâ péssè. Enfïn, lés mâlhèyes ne râtïnt pe. Lu n’ dremait pus. È s’en feut conchultaie çté que yéjait dains les câtches. - An vôs é dj’tè ïn soue, qu’èlle yi dié. - Tiu çoli ? - È y é ènne âtre fanne dains vot’ vie. Ç’ât lée. - Oh bïn, i vois tiu. Dâdon èl é tyitie l’ Männerchor èt peus èl ât dmoérè tos lés sois en l’hôtâ.} ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
----

Traduction Un sortilège

---- Georges avait une très belle jeune femme et de très beaux enfants. Mais sa femme ne lui suffisait pas. Il avait une maîtresse en ville. Tout le monde le savait sauf sa pauvre femme. Il lui mentait. « Adieu, Bichette, bonne nuit les enfants. Je vais au Männerchor », disait ce gros menteur. La Bichette le croyait, elle avait tellement confiance en son mari. Les ennuis ont commencé avec son accident. Il a fait une embardée avec sa nouvelle voiture. L’auto, fichue ; lui, rien, Dieu soit béni. Après, c’est la plus belle vache de l’étable qui a crevé. Son petit garçon est tombé malade. L’accouchement de sa femme s’est mal passé. Enfin, les malheurs n’arrêtaient pas. Lui ne dormait plus. Il s’en fut consulter la cartomancienne. - On vous a jeté un sort, lui dit-elle. - Qui donc ? - Il y a une autre femme dans votre vie. C’est elle. - Oh bien, je vois qui. Depuis lors, il a quitté le Männerchor et il est resté chaque soir à la maison. ---- La chronique patoise du QJ en direct :