Publié dans le Quotidien Jurassien le 24 mai 2024 .
Ch’ le divan
Ènne fanne seuffrait d’ïn mâ sïngulie. Le soi, è poénne coutchie, è yi sannait qu’è y aivait quéqu’un dôs son yèt. Lai paivou l’empâtchait de dremi. Èlle se yevait po vérifiaie, mains è poénne recoutchie, lai paivou lai r’pregnait. Èt l’ meinme commèrce s’eur’produjait pus d’ïn côp lai neût. Èlle était éroingn’nèe. Çoli n’ poéyait pus durie. Èlle s’en euvré en son dgén’ralichte. «
Mai poûere daime, yi dit l’ dottoé, i n’ peus ran po vôs. È vôs fât conchultaie ïn psy. I en coégnâs un qu’i vôs r’commainde.
»
Lai fanne é pris rendèz-vôs. «
Vôs èz bïn fait d’ veni, yi dit le chpécialichte. Les pavous, çoli se soingne. Nôs v’lans entrepâre le trait’ment tot comptant. I vôs prévïns, çoli s’ré long. Chés mois â moins, ènne séance poi snainne.
»
- Çoli m’ veut cotaie cobïn
?
- Ran. Ç’ât l’aichurance que prend.
Lai doûejieme séance, lai fanne dit en son psy : «
I râte le trait’ment. I seus r’voirie.
»
- Vrâment
? Qu’ât-ce que s’ât péssè
?
- I seus t’allèe tchie mon décrïnnou. «
Qu’ât-ce que vôs m’ fotez d’allaie tchie ïn psy qu’è m’é dit : È y é un r’méde bïn pus sïmpye. Scièz les quaitre pies d’ vot’ yét.
»
Note
mon décrïnnou, mon coiffeur
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Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Sur le divan
Une femme souffrait d’un mal singulier. Le soir, à peine couchée, il lui semblait qu’il y avait quelqu’un sous son lit. La peur l’empêchait de dormir. Elle se levait pour vérifier, mais aussitôt recouchée, la peur la reprenait. Et le même phénomène se répétait plusieurs fois durant la nuit. Elle était épuisée. Cela ne pouvait plus durer. Elle se confia à son généraliste. «
Ma bonne Dame, lui dit le docteur, je ne peux rien pour vous. Il vous faut consulter un psy. J’en connais un que je vous recommande.
»
La femme prit rendez-vous. «
Vous avez bien fait de venir, lui dit le spécialiste. Les peurs, ça se soigne. Nous allons entreprendre le traitement sans délai. Je vous préviens, ça sera long. Six mois au moins, à raison d’une séance par semaine.
»
- Ça va me coûter combien
?
- Rien. C’est l’assurance qui prend en charge.
À la deuxième séance, la patiente dit à son psy : «
J’arrête le traitement. Je suis guérie.
»
- Vraiment
? Qu’est-ce qui s’est passé
?
- Je suis allée chez mon coiffeur. Il m’a dit : «
Qu’est-ce que vous me fichez d’aller chez un psy
? Il y a un remède bien plus simple. Sciez les quatre pieds de votre lit.
»
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