Publié dans le Quotidien Jurassien le 29 décembre 2017
L’Èrnèchto en lai pochte
En fïn d’annèe, aivaint les grantes fétes â motie, è y é taint d’ nâs qu’ènne vaitche n’y eur“trov”rait p’ son vé. È y é l’Aîbre de Nâ des soeurs de l’écôle enfantine. È y é le Nâ des Roudge èt çtu des Nois, d’aivô des lotos èt des crômas po les afaints. È y é l’ Nâ d’ l’ujine laivou qu’ le paitron lu-meinme bèye ïn byat dains ènne envôge en tchéque ôvrie. È y é çtu l’ lai Sïnte-Cécile èt peus cés des dous fanfares. Mains çtu qu’ é l’ pus d’ succès, ç’ât l’ Nâ des écôles. Trâs lôvrès d’ cheute en pus di dûemoènne lai vâprèe. Ç’ât bé d’ voûere ces afaints chus les lavons que djûyant, que tchaintant, que récitant, en y botaint tot yote tiûere.
L’Èrnèchto, ç’ât ïn Italien d’ lai doûejieme dgènn’râchion. Aiprés ènne rude vétyaince de bésaingne, ses poirents sont r’toénès en Italie po fini yos véyes djoués. L’Èrnèchto ât fie de ses trâs afaints qu’aint tus les trâs ïn rôle dains l’ Nâ des écôles. È prent des photos sains râtaie, taint èt che bïn qu’ le régent yi fait signe de s’sietaie èt d’ se môtraie pus dichcrèt, lés éçhais di flash dérandgeant les afaints.
Èl é forrè ces photos – ïn sacré valmon – dains ènne envôge, èl é graiy’nè l’aidrâsse de ses poirents, èl y é côllè ïn tïmbre èt peus èl ât paitchi en lai pochte. Lai daime di dyitchèt yi dit :
-- Èlle ât trop poijainne. vot’ lattre. Èt peus trop épâsse. Ç’ n’ât pus ènne lattre, ç’ât dj’ïn p’tèt paquèt. S’ vôs v’lèz qu’èlle airriveuche, è fât encoé y botaie dous tïmbres cment çtu-li.
L’Èrnèchto qu’ainme bïn coyenaie, yi fait :
-- Èt peus vôs craites que d’aivô dous tïmbres de pus èlle veut étre pus loidgiere
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Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Ernesto à la poste
En fin d’année, avant les grandes célébrations religieuses, il y a tellement de noëls profanes qu’une vache n’y retrouverait pas son veau. Il y a l’Arbre de Noël des sœurs de l’école enfantine. Il y a le Noël des Rouges et celui des Noirs, avec des lotos et des cadeaux pour les enfants. Il y a le Noël de l’usine au cours duquel le patron lui-même remet un billet dans une enveloppe à chaque ouvrier. Il y a celui de la Sainte-Cécile et ceux des deux fanfares. Mais celui qui a le plus de succès, c’est le Noël des écoles. Trois soirées de suite plus le dimanche après-midi. Qu’il est beau de voir ces enfants sur scène, jouant, chantant et récitant de tout leur cœur.
Ernesto, c’est un Italien de la deuxième génération. Au terme d’une vie de labeur, ses parents sont retournés en Italie pour y finir leurs vieux jours. Ernesto est fier de ses trois enfants qui, tous les trois, ont un rôle dans le Noël scolaire. Il prend des photos sans répit, tant et si bien que l’instituteur lui fait signe de s’asseoir et de se montrer plus discret car, dit-il, les éclairs du flash dérangent les enfants.
Il a mis ces photos – un tas impressionnant – dans une enveloppe sur laquelle il a écrit l’adresse de ses parents, il y a collé un timbre et il est parti à la poste. L’employée du guichet lui dit :
-- Elle est trop lourde, votre lettre. Et trop épaisse. Ce n’est plus une lettre. C’est un petit paquet.. Si vous voulez qu’elle arrive, il faut encore y coller deux timbres de même valeur.
Ernesto, qui aime bien taquiner, lui répond :
-- Et vous croyez qu’avec deux timbres de plus elle sera plus légère
?
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