Publié : 3 août 2018

Quand chaque village de l’Ajoie

Tiaind tchéq’ velaidge de l’Aidjoûe

Bernard Chapuis

Publié dans le Quotidien Jurassien le 3 août 2018

Tiaind tchéq’ velaidge de l’Aidjoûe

Menacé d’arrestation par le gouvernement bernois, Stockmar, s’exile en Franc. Pour fêter son retour, Louis-Valentin Cuenin, notre Béranger ajoulot, compose Le retour du proscrit qu’il chante au milieu d’une foule enthousiaste. C’est à lui que nous devons chanson une écrite en patois dont voici un extrait :

Tiaind tchéq’ velaidge de l’Aidjoûe
Était l’esclave de tyrans,
Que n’aivïnt p’ de pus grosse djoue
Que d’étréyie nos poûer’s véyes dgens ,
Des princes tiu ât-ce que purdjé lai tiere,
D’yos trôn’s tchaimpé lai ceindre â vent ?
Ç’ât cés qu’ piaintïnt les pomm’s de tiere,
Ç’ât cés qu’écrasait le tchie-temps,
Cés qu’ n’aivïnt qu’ l’âve de lai Beuchire
Po boire en yote carimantran.

L’ bon Due en grulaint d’ froid ch’lai paiye,
Voi les boirddies de boènn’ v’lantè,
Yôs dyait : « S’ nôs n’ains ne sou ni maiye,
Nôs sons rètches de libertè ;
Nôs foûechrains les grands de lai tiere
Ïn djouè è posaie yote bilan
D’vaint ces qu’ piaintant les pomm’s de tiere.


Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Quand chaque village de l’Ajoie

Menacé d’arrestation par le gouvernement bernois, Stockmar, s’exile en France. Pour fêter son retour, Louis-Valentin Cuenin, notre Béranger ajoulot, compose Le retour du proscrit qu’il chante au milieu d’une foule enthousiaste. C’est à lui que nous devons une chanson écrite en patois dont voici un extrait :

Quand chaque village de l’Ajoie
Était l’esclave de tyrans,
Qui n’avaient de plus grande joie
Que d’étriller nos pauvres vieilles gens ,
Des princes qui purgea la terre,
Qui de leurs trônes jeta la cendre au vent ?
Ce sont ceux qui plantaient les pommes de terre,
Ce sont ceux qu’écrasait la cherté du temps,
Ceux qui n’avaient que l’eau de la Beuchire
Pour boire à leur carnaval.

Le bon Dieu tremblant de froid sur la paille,
Près des bergers de bonne volonté,
Leur disait : « Si nous n’avons ni sou ni maille,
Nous sommes riches de liberté ;
Nous forcerons les grands de terre
Un jour à déposer leur bilan
Devant ceux qui plantent les pommes de terre.