Publié dans le Quotidien Jurassien le 1
er septembre 2023
Sevraidge
Source : Jean-Marie Voirol, Porrentruy
- T’y étôs hyie â soi en lai tombola d’ lai Sïnte-Cécile
? demainde le Piera en son véjïn Djôsèt.
- Ô. T’airôs daivu v’ni. È y aivait des bés lots. L’ l’Hortense é dyaingnie ïn bon d’aitchait de dous cents francs dains les maigaisïns d’ Poérreintru. Yun d’ Bonfô é dyaingnie ïn lapïn, ènne fanne de Vendlïncouèt ïn p’tèt létan.
- Èt peus toi, t’ n’és ran dyaingnie
?
- Chié. I airôs meus ainmè ïn bon d’aitchait, ïn laipïn o bïn ïn p’tèt létan. Fidyure-te qu’i aî dyaingnie ïn aînne.
- Èt peus laivoù qu’èl ât mit’naint çt’aînne
?
- Dains ènne fèrme di Çhiôs di Doubs. Ès daint m’ l’aimoinnaie lai s’nainne que vïnt. Qu’ât-ce qu’i en veus faire
? Laivoù l’ botaie, cment l’ neurri
? Çoli veut encoé m’ cotaie.
– Bote-le dains ton voirdgie
!
– Ô, mains l’huvie
?
– Aitchete ènne botte de foin.
Chés mois pus taîd :
- Èt peus ton aînne, Djosèt, c’ment qu’è vait
?
- I n’en aî pus. En l’aicmence, è n’ maindgeait qu’ïn côp poi djoué. Aiprés, i l’aî haibituè è maindgie tos les dous djoués, peus ran qu’ïn côp poi s’nainne. È s’aiccôtumait drèt bïn è n’ pus maindgie tyaind qu’èl ât crevè.
Note
Sevraidge, régime alimentaire (sevrage)
----
Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Sevrage
- Tu y étais hier soir à la tombola de la Sainte-Cécile
? demande Pierre à son voisin Joseph.
- Oui. Tu aurais dû venir. Il y avait de beaux lots. Hortense a gagné un bon d’achat de deux cents francs dans les magasins de Porrentruy. Un homme de Bonfol a gagné un lapin, une femme de Vendlincourt un porcelet.
- Et toi, tu n’as rien gagné
?
- Si, J’aurais préféré un bon d’achat, un lapin ou un porcelet. Figure-toi que j’ai gagné un âne.
- Et où est-il maintenant cet âne
?
- Dans une ferme di Clos-du-Doubs. On doit me l’amener la semaine prochaine. Qu’est-ce que je vais en faire
? Où le mettre, comment le nourrir
? Ça me coûtera encore de l’argent.
– Mets-le dans ton verger
!
– Oui, mais l’hiver
?
– Achète une botte de foin.
Six mois plus tard :
- Et ton âne, Joseph, comment va-t-il
?
- Je n’en ai plus. Au début, il ne mangeait qu’une fois par jour. Après je l’ai habitué à manger tous les deux jours, puis rien qu’une fois par semaine. Il s’habituait justement à ne plus manger quand il a crevé.
{ {{Les chroniques patoises de Bernard Chapuis en 2022- 23}} }
{{ {Toutes les chroniques patoises de Bernard Chapuis} }}