Publié dans le Quotidien Jurassien le 17 mars 2017
Poûere djûene hanne
Dous fannes s’eur’trovant. Èlles ne s’étïnt p’ revu dâ brâment longtemps.
— Yé, Fidélia, qu’ çoli m’ fait piaiji de te r’voûere.
— Moi aich’ bïn, Trinatte. Eh ô, le temps pésse. C’ment qu’ès vaint, ces dous afaints.
— Oh, ç’ n’ât pus des afaints. Lai baîchatte, çoli fait dj’ dous annnèes qu’èlle ât mairièe.
— Ah bon ? D’aivô tiu ?
— Ïn djûene hanne des fïns meus. Èlle ne poéyait p’ trovaie moyou. Fidyûere-te, è fait le dédjûenon, le dénè, le sopè. È rétiûere la tieujènne. È fait lai bûe. È fait les commissions. È r’tchainge lai p’tète, è yi bèye sai botoille.
— Éh bïn, èlle en é d’ lai tchaince. Èt peus vot’ boûebe ?
— Oh bïn lu, i l’ pyains. Lu âchi s’ât mairiè. Lai meinme annèe qu’ sai soeur. Èls aint âchi ènne petète baich’natte.
— Éh bïn, qu’ât-ce qu’è n’ vai p’ ?
— È n’é p’ aivu d’ tchaince qu’i t’dis.
— Yè poquoi ?
— Sai fanne, ç’ât ènne gâtiouse. Èlle ne fait ran en l’hôtâ, mains ran di tot. Ç’ât tot lu que fait. Fidyûere-te, è fait le dédjûenon, le dénè, le sopè. È rétiûere la tieujènne. È fait lai bûe. È fait les commissions. È r’tchainge lai p’tète, è yi bèye sai botoille.
— Poûere djûene hanne ! Les fannes, â djoué d’âdj’d’heû, ç’ n’ât pus droit çoli.
Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Pauvre jeune homme
Deux femmes se retrouvent. Elles ne s’étaient pas revues depuis très longtemps.
— Oh, Fidélia, que ça me fait plaisir de te revoir.
— Moi aussi, Catherine. Eh oui, le temps passe. Comment vont ces deux enfants ?
— Oh, ce ne sont plus des enfants. La fille, est mariée depuis deux ans déjà.
— Ah bon ? Avec qui ?
— Un jeune homme très bien. Elle ne pouvait pas mieux tomber. Figure-toi, il prépare le petit déjeuner, fait le dîner, le souper. Il récure la cuisine. Il fait la lessive. Il fait les commissions. Il rechange la petite, il lui donne son biberon.
— Eh bien, elle en a de la chance. Et votre garçon ?
— Lui, je le plains. Lui aussi s’est marié. La même année que sa sœur. Ils ont aussi une petite fille.
— Eh alors, qu’est-ce qui ne va pas ?
— Il n’a pas eu de chance, que je te dis.
— Pourquoi donc ?
— Sa femme, c’est une enfant gâtée. Elle ne fait rien à la maison, absolument rien. C’est lui qui s’occupe de tout. Figure-toi, il prépare le petit déjeuner, fait le dîner, le souper. Il récure la cuisine. Il fait la lessive. Il fait les commissions. Il rechange la petite, il lui donne son biberon.
— Pauvre jeune homme ! Les femmes d’aujourd’hui, ce n’est plus tout à fait ça.
La chronique patoise du QJ en direct :
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