
Publié dans le Quotidien Jurassien le 19 octobre 2018
Ïn nové mot
En l’écôle, ès sont tchoés chu ïn maléjie mot : cleptomane. Dains ènne yéjure o bïn ch’ lai feuille tiaind qu’ès dichcutant des novèlles di djoué. Cleptomane, qu’ât-ce que çoli peut bïn dire ? Lai régente s’ât bèyie di mâ po l’ faire è compare. « Le cleptomane, qu’èlle dit, ne peut p’ s’eurteni d’ voulaie, que ce feuche dains les maigaisïns o âtre paît. È peut aich’ bïn voulaie ïn lédyume que vôs pâre vot’ boéchatte. Le cleptomane, ç’ât ïn malaite. È dait s’ soingnie. Lai cleptomanie, ç’ât ènne saqueurdie d’ malaitie. » Chires, méfietes-vôs des cleptomanes ! Cheurvoiyietes vos baigattes !
Le mot cleptomane, an n n’ le trove pe en patois. De çtu que voule, tchie nôs, an dit simpyement : ç’ât ïn laîre. O bïn ç’ât ïn lâdre. Mains djemais, ô Dé djemais ïn cleptomane.
Heûte djoués aiprés, lai régente veut voûere ç’ que ces afaints aint r’teni.
— Lai snainne péssèe, nôs ains aippris ïn nové mot. Ât-ce que vôs s’ sovïntes cment qu’an aippeule lai dgen que chneuque dains lai baigatte d’ïn hanne ? Ç’ât… ? Ç’ât..? Aittieutes ! Tiu ç’ât… ?
Ènne main s’yeuve. Lai régente ât tote rédjoyie.
— Yé bïn, Mairion, tiu ç’ât çte dgen que chneuque dains la baigatte d’ïn hanne ?
— Ç’ât sai fanne.
Note
laîre, voleur. A rapprocher du français « larron »
lâdre, voleur, mais aussi avare. Le vieux mot français « ladre » s’appliquait au malade atteint de la lèpre.
Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Un nouveau mot
A l’école, les élèves ont rencontré un mot difficile : cleptomane. Dans une lecture ou dans le journal quand ils discutent des nouvelles du jour. Cleptomane, qu’est-ce que ça peut bien signifier ? L’institutrice s’efforce de le faire comprendre. « Le cleptomane, explique-t-elle, ne peut s’empêcher de voler, que ce soit dans les magasins ou autre part. Il peut aussi bien dérober un légume que vous piquer votre porte-monnaie. Le cleptomane est un malade. Il doit se soigner. La cleptomanie est une pénible maladie. » Messieurs, méfiez-vous des cleptomanes ! Surveillez vos poches !
Le mot cleptomane n’existe pas en patois. De celui qui vole, chez nous, on dit simplement : c’est un larron ou quelque chose dans le genre. Mais jamais, ô Dieu jamais un cleptomane.
Huit jours plus tard, la maîtresse veut contrôler ce que ces bambins ont retenu.
— La semaine passée, nous avons appris mot nouveau. Est-ce que vous vous souvenez comment on appelle la personne qui fouille dans la poche d’un homme ? C’est… ? C’est..? Allons ! Qui est-ce… ?
Une main se lève. La maîtresse est ravie.
— Eh bien, Marion, qui est-ce cette personne qui fouille dans la poche d’un homme ?
— C’est sa femme.