Publié : 2 septembre 2016

Des bordées d’injures

Des valmons d’grochiertès

Bernard Chapuis

Paru dans le Quotidien Jurassien du 2 septembre 2016

Des valmons d’grochiertès

Drassies chus yos feumies que s’ toutchant, ès s’endyeulant cment des tchairr’ties. Tchéque maitïn, tos les véjïns les oûyant égrenyaie yos tchaiplats.

- T’és dj’yevè, peurri.

- Coénne-m’â tiû, bogre de vèye fô. ! Cré nom de dûe d’ vingt dûes. Te n’ veus p’ eurcommencie de m’faire è tchiere !

- I t’veus fotre mon pie â tiû.

- Vïns voûere le dire ci ! Te vois çte foértche ? Aippreutche, bousèt, qu’i t’empoégneuche !

- T’ veus t’ coidgie, toénèrre de diaile ? Èchpèche de fât tiû.

- Gôs poûe !

- Étron !

- Tiere â tiû, peurri, vâran !

- T’ n’és qu’ïn ptèt l’aiyeut, ïn endârvè, ïn ennnitçhè qu’ n’ât p’onque sât drie les aroiyes.

- Fripou, bregand, djèrvâ !

- Trissou, pieinteusse, chlappou !

Po les fannes, ç’ n’ât p’ meu. Èlles droquant des croûyes raîjons de dgeurnie en dgeurnie, de tieujènne en tieujènne, de tcheutchi en tcheutchi. Diaile, quée pidie ! Ç’ qu’è fât oûyi !

- Putainne, hoûere de mes tieuches !

- Dgenâtche de l’enfie !

- T’és en tchalou, véye vaitche ?

- Po tiu qu’ te t’prends, ordyeuyouse ? Te pates pus hât qu’ ton tiû. An sait bïn dâ laivou qu’ te vïns.

- Ïn djoué, t’ veus tchoére ch’ le tiû.

- Gouïnne ! Schlompe ! Mâlaibiéchainne !

- Tiaingne ! True ! Meurnèe !

Ès n’en sont djemains v’nis és mains. Ès en d’moérant és malries mots.


Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Des bordées d’injures

Dressés à la frontière de leurs fumiers, ils s’engueulent comme des charretiers. Chaque matin, les voisins les entendent égrener leurs chapelets.

—  Tu es déjà levé, pourri !

—  Corne-moi au cul, bougre de vieux fou ! Sacré nom de dieu de vain dieu, tu ne vas pas recommencer à me faire chier !

—  Je vais te flanquer mon pied au cul.

—  Viens donc le dire ici ! Tu vois cette fourche ? Approche, que je t’embroche !

—  Tu vas la boucler, espèce d’hypocrite.

—  Fainéant, vaurien !

—  Tu n’es qu’un blanc-bec qui n’est pas encore sec derrière les oreilles.

—  Fripouille, brigand, canaille !

—  Poivrot, ivrogne, soûlard !

Chez les femmes, ce n’est pas mieux. Elles s’invectivent de poulailler à poulailler, de cuisine à cuisine, de potager à potager. Diable, quelle pitié ! Ce qu’il faut entendre !

—  Putaine, salope de mes fesses !

—  Sorcière de l’enfer.

—  Tu es de nouveau en chaleur, vieille vache ?

—  Pour qui tu te prends, orgueilleuse ? Tu pètes plus haut que ton cul. On sait bien d’où tu viens.

—  Ordurière, traînée, mal embouchée.

—  Hargneuse ! Truie ! Saleté !

Ils n’en sont jamais venus aux mains. Ils s’en tiennent aux grossièretés.


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