Publié : 4 février 2017

De bonnes adresses

Des boénnes aidrasses

Publié dans le Quotidien Jurassien le 3 février 2017

Des boénnes aidrasses

Le Zèpe vai se conféssaie : « Pére, i aî commis l’ péchè d’ lai tchie. »

—  Çoli peut airrivaie en n’impoétche quél hanne, yi dit le prétre qu’aivait d’ lai compregnoûere èt peus qu’aivait è pô près l’ meinme aîdge que lu.

—  Aîye, Pére, mains moi, ç’ât pus mâvaîs, baîboéye le Zèpe. Ç’ât d’aivô ènne fanne mairièe.

—  Ah bon ! Laiquélle ?

—  I n’airrive pus è m’ sovni.

—  Fais ïn éffoûe, Zèpe. I veus t’édie. Çoli s’rait des côps d’aivô lai Guite de Drie-les-Tyas ?

—  Que nian ! Pe çtée-li. Ènne tâ soûyon ! Dûe m’en envadge.

—  Craibïn d’aivô lai Mairie des Tchâsses.

—  Lai Mairie des Tchâsses ? I n’ seus p’ chi yoédge. I sais m’ compoétchaie.

—  Ât-ce que çoli s’rait lai Fifine, lai fanne di boétchie ?

—  Oh que nian ! I aî trop pavou d’ son hanne. È m’ fotrait caque qu’i n’ me ryev’rôs pus.

—  Çoli n’ serait tot d’meinme pe daivô mai diaîchatte.

—  Qu’ât-ce qu’ vos allèz tçheri poi li ? Djemaîs qu’ i n“ôj”rôs.

—  Ç’ât ènne de lai bairoitche ?

—  Tot chu.

—  Te n’ m’édes pe brament, Zèpe. I aî bé tçheri, i n’ trove pe. Ecoute-me bïn, Zèpe, se te n’ me dis pe d’avô tiu ç’ât, moi, i n’ peus p’ te bèyie l’aibsolution. Te r’verrés tiaind t’airés r’trovè.

—  Yé bïn, taint pé. I vôs r’méchie tot d’ meinme. Vôs m’èz bèyie dous trâs boénnes aidrasses.


Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

De bonnes adresses

Le Zèpe va se confesser : « Père, j’ai commis le péché de la chair. »

—  Ça peut arriver à n’importe quel homme, lui dit le prêtre qui avait de la compréhension et qui par ailleurs avait à peu près le même âge que lui.

—  Oui, Père, mais moi, c’est plus grave, murmure le Zèpe, c’est avec une femme mariée.

—  Ah bon ! Laquelle ?

—  Je n’arrive plus à me souvenir.

—  Fais un effort, Zèpe. Je vais t’aider. Est-ce que ce serait par hasard la Marguerite de Derrière-les-Tilleuls ?

—  Surtout pas celle-là. Une telle souillon ! Dieu m’en préserve !

—  Peut-être la Marie des Tchâsses ?

—  La Marie des Tchâsses ? Je ne suis pas si crétin. J’ai ma dignité.

—  Est-ce que ce serait la Fifine, la femme du boucher ?

—  Oh que non ! Je crains trop son mari. Il me tabasserait que je ne m’en relèverais pas.

—  Ce ne serait quand même pas la servante de cure ?

—  Qu’est-ce que vous allez chercher par là ? Jamais je ne me permettrai.

—  C’est une de mes paroissiennes ?

—  Sûrement.

—  Tu ne facilites pas ma tâche, Zèpe. Quant à moi, j’ai beau chercher, je ne trouve pas. Écoute-moi bien, Zèpe, si tu ne me dis pas avec qui, je ne peux pas te donner l’absolution. Tu reviendras quand tu auras retrouvé.

—  Eh bien tant pis. Je vous remercie quand même. Vous m’avez donné quelques bonnes adresses !

Notes

La Marie des Tchâsses, littéralement La Marie des Bas. C’était le surnom d’une colporteuse.


La chronique patoise du QJ en direct :

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