Publié dans le Quotidien Jurassien le 9 octobre 2020
Yainnure (10)
L’hôtâ, à la fois la maison, la demeure, le domicile, le foyer, le chez-soi, le logis, le bercail, voire le home. Voû qu’an feuche, ran ne vât l’hôtâ, écrit Simon Vatré. Où qu’on soit, rien ne vaut la maison, sa maison. Les jeunes gens qu’on envoyait terminer leur scolarité en Suisse allemande avaient lai grie de l’hôtâ, la nostalgie du foyer.
Le kwéhr, le fusil, est directement calqué sur l’allemand Gewehr. Kwéhr a aussi le sens de briquet.
Une femme méchante pouvait être traitée de véye kwéhr, vieux fusil. Peut-être l’entourage lui souhaitait-il secrètement un coup de fusil, ce qui pourrait expliquer cette curieuse métonymie.
Les lâdes, les volets. D’rie les çhôs lâdes, és djûeyïnt en lai p’tète béte. Derrière les volets clos, ils jouaient à la petite bête, un jeu d’argent interdit.
Maîyennou est employé parfois dans le sens de bricoleur amateur. Il a souvent une connotation péjorative. Ç’ât ïn sacré maîyennou, çtu-ci. C’est un sacré bricoleur, il fait tout juste confiance. Dans la même famille, signalons le verbe maîyennaie, hésiter, tergiverser. Aiprés aivoi prou maîyennè, èls aint faît ci mairtchie. Après beaucoup d’hésitations, ils ont conclu le marché.
Mâlaimorè, acariâtre. Le mâlaimorè fait la trogne, è fait ïn peut more.
Notons encore, pour l’anecdote, que l’adjectif acariâtre vient probablement du nom de l’évêque saint Acharius, en français saint Acaire, qui guérissait les fous (Alain Rey).
Méneût, minuit. Méneût désigne aussi le nord. Aivoi ïn tchaimp d’lai sens d’méneût. Posséder un champ au nord.
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Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis