
par Fleury Louis-Jos.
Publié dans le Quotidien Jurassien le 12 août 2022
È tot probyème, ènne soluchion
Ç’ât ïn bél hanne, bïn fotu, lai soûetche d’ébredou que soyeve les tiûeres. Niun n’ le coégnât, è n’coégnât niun. È n’ât p’ de poi chi. Ïn pô dgeinnè, èl entre dains la phairmaicie des Tyats. È s’aippreutche èt d’mainde tot béche en lai phairmaiciene.
Éstieujètes-me, i aî ïn p’tèt probyème.
Dites-me pie. Qu’ât-ce qu’è vôs airrive ?
I peus vôs djâsaie è pait ?
Venites dains ci poiye. Ç’ât pus dichcrèt.
- I n’ peus p’ trop dépensie po m’ soingnie. I aî predju mon traivaiye èt i n’aî p’ brament d’airdgent. Mains è m’ fârait tot d’ meinme âtçhe poéche que, dâ trâs mois en airrie, i bainde sains râtaie. De neût, i m’en fos, mains de djoué çoli me dgeinne. D’âtaint pus qu’ çoli s’ voit.
Lai phairmaciene, que n’ât pus tote djûene, le raivoéte d’ lai téte és pies. Son redyait s’aittairdge chu sai beûyatte. Èlle çhôrit. D’aivô di sné èt d’ lai boènne v’lantè, tchéque probyème trove ènne soluchion. Èlle se raippreutche èt yi çhioûche dains l’airoiye : « Trâs mille francs â mois, neurri èt leudgi, çoli vôs âdrait ? »
Note
ébredou, séducteur
Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Tout problème a une solution
C’est un homme élégant, bien fait de sa personne, le genre séducteur. Personne ne le connaît. Il ne connaît personne. Il n’est pas d’ici. Un peu gêné, il entre dans la pharmacie des Tilleuls. Il s’approche de la pharmacienne et lui demande à voix basse :
Excusez-moi, j’ai un petit problème.
Dites-moi ! Qu’est-ce qui vous arrive ?
Je peux vous parler à part ?
Entrez dans ce local, c’est plus discret.
- Je ne peux pas trop dépenser pour me soigner. J’ai perdu mon travail et je n’ai pas beaucoup d’argent. Mais il me faudrait tout de même quelque chose, parce que, depuis trois, je suis toujours en érection. De nuit, ça m’est égal, mais de jour, c’est gênant. Ça se voit.
Lai pharmacienne, qui n’est plus toute jeune, le dévisage de la tête aux pieds. Son regard s’attarde sur sa braguette. Elle sourit. Avec du bon sens et de la bonne volonté, on résout chaque problème. Elle se rapproche et lui souffle dans l’oreille : « Trois mille francs par mois, nourri logé, ça vous irait ? »