Publié : 14 octobre 2022

Un radin

Ïn révijaint

Bernard Chapuis

Publié dans le Quotidien Jurassien le 14 octobre 2022

Ïn révijaint

Lai laîdrerie ât lai mére de tos les vouices. L’aivâriciou breûye faimènne chu son moncé de biè. Se vétçhi cment ïn poétche-guenipes po meuri rètche, ç’ât sai laingne de condute. È lécheré tot en ses heurties, sâfe des encrâts. Ci Fridolin, c’était le pèrpèt des aivâricious. An dyait d’lu qu’èl airait écoértchè ïn poûye po en vendre lai pé. Ïn soi, sietè ch’ le cainaipé, è yéjait lai Feuille di djoué en lai lumiere d’ènne tchaindèlle. Tus â v’laidge aivïnt dje l’électricitè, sâfe ci rapiat de Fridolin. Â long d’lu, sai fanne tchass’nait des capes èt des étchairpes po yos p’tèts l’afaints. Çoli yi fendait l’ tiûere, en çte boénne fanne, d’ les voûere rittaie en l’écôle poi n’impoétche qué temps sains ran ch’ lai téte èt ran atoé di cô. Totes les dous m’neutes, mon Fridolin s’yeuvait, çhioûchait lai tchaindèlle, rev’niait se sietaie èt renfûait lai tchaindèlle. – Mains, qu’yi dit sai fanne, qué commèrce ât-ce que moénnes ? – È n’y é p’ de p’tètes répraindges, répond ci grippe-sou. Toi, te peus tchaiss’naie dains l’ noi, èt peus moi, i n’ai p’ fâte de lumiere po touénaie les paidges. Notes le pèrpèt, le pire tchass’nait, tricotait p’tètes répraindges, petites économies ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis

Un radin

L’avare crie famine sur son tas de blé. Fridolin était le pire des avaricieux. Il aurait écorché un pou pour en vendre la peau. Un soir, assis sur le canapé, il lisait le quotidien à la lumière d’une bougie. Tout le monde au village avait déjà l’électricité, sauf ce rapiat de Fridolin. Â ses côtés, sa femme tricotait des bonnets et des écharpes pour leurs petits-enfants. Cela lui fendait le cœur à cette brave femme de les voir se rendre à l’école par n’importe quel temps sans rien sur la tête ni rien autour du cou.  Toutes les deux minutes, mon Fridolin se levait, éteignait la bougie, retournait s’asseoir et rallumait la bougie. – Mais, quel commerce est-ce que tu mènes ? lui demande sa femme. – Il n’y a pas de petites économies, répond ce grippe-sou. Toi, tu peux tricoter dans le noir, et moi, je n’ai pas besoin de lumière pour tourner les pages. { {{Les chroniques patoises de Bernard Chapuis en 2022}} } {{ {Toutes les chroniques patoises de Bernard Chapuis} }}