Publié : 25 mars 2022

Homonymes, paronymes et faux amis

Bernard Chapuis

Publié dans le Quotidien Jurassien le 25 mars 2022

Homonymes, paronymes et faux amis

Tchaimp et tchaint sont des homonymes, comme les mots champ et chant. Le premier donne par dérivation tchaimpois (pâturage), tchaimpoiyie (paître). Ce qui justifie son p final.Le second, terminé en t, donne tchaintaie (chanter), tchaintou, tchaintouse (chanteur, chanteuse). Les homonymes sont certainement aussi nombreux en patois qu’en français. En revanche, des mots comme le pou (le coq) et le poûe (le cochon) sont à ranger parmi les paronymes en raison de leur prononciation différente. Les paronymes sont des mots de sens différent mais de forme voisine. En français, nous avons à titre d’exemples accident, incident / consommer, consumer / éruption, irruption. Ils peuvent être source de confusion. Autre couple de paronymes en patois : le poûechon (le poisson ; le poûejon (le poison). Si l’on demande à un non-patoisant ce que veut dire, selon lui, l’expression « Fie cment ïn pou chu son femie », il y a de fortes chances pour que, se fiant à son intuition et aux sonorités, il traduise : « Fier comme un pou sur son fumier. » Pas plus en patois qu’en français, on ne saurait parler de la fierté d’un pou, qui plus est, juché sur un fumier. Le pou, en patois, est un coq. Le pou, insecte parasite du cuir chevelu, se dit le pouye en patois. L’expression ci-dessus signifie donc « Fier comme un coq sur son fumier. » Les faux amis, tels que pou (coq) et pou (insecte) sont des mots appartenant à deux langues différentes et qui ont entre eux une grande similitude de forme et de son. Pour les Italiens, il burro, c’est le beurre. Pour les Espagnols, el burro c’est l’âne. Revenons au patois. Ïn fô n’est pas un faux en écriture, mais un hêtre. Le ran désigne la butte, le monticule et non le rang. Lai raînne est la grenouille, et non la reine. ---- Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis