Publié dans le Quotidien Jurassien le 20 juillet 2018
Yainnure (8)
Djouénâ, journal, mesure agraire. Correspondait à ce qu’un homme fauchait en un jour. On imagine aisément qu’avant la généralisation du système métrique, le djouénâ pouvait varier d’un endroit à l’autre et que cette unité restait approximative.
Le dyèt, le guet. Le dyèt d’neût, le guet de nuit, dit aussi veilleur de nuit, parcourait les rues en chantant les heures. Yèt bïn l’ bonsoi, tos mes aimis. È vôs fât tus allaie dremi. Lai cieutche é fri, vôs l’èz oyie : Ç’ât les dieche. Eh, bien l’ bonsoir, tous mes amis ! Il vous faut tous aller dormir. La cloche a sonné, vous l’avez entendue : Il est dix heures !
Égralaie, abîmer, endommager, détériorer.
Lai véye Aigathe s’en rvïnt d’ lai foérêt d’aivô ïn poijin féchïn d’bôs ch’lés épales. « Yè, vôs n’èz p de tchairrat ? » qu’yi dit ci Lucien di Crâs. – I en aivôs yun. Mains ces crevures de gosses m’ l’aint tot égrâlè. La vieille Agathe revient de la forêt portant un lourd fagot sur ses épaules. « Mais, vous n’avez donc pas de petit char ? » lui demande ce Lucien du Crêt. – J’en avais eu, mais ces petits vauriens me l’ont complètement abîmé.
L’erbâ, l’automne. On l’appelle aussi le drie-temps. L’èrbâton est un animal né en automne.
Esquintaie, I m’seus esquintè, je me suis blessé. Le soi, i seus esquintè, le soir, je suis fatigué, vidé, vanné. Léche mes brelitçhes, te m’ les veux esquintaie, laisse mes lunettes, tu vas me les abîmer.
Èyûere, arranger, accommoder, s’occuper de. Èyûere les bétes, fourrager. Èyûere les afaints po l’écôle, préparer les enfants pour l’école. Èyûere ïn boquat de sïnt-Djôsèt, composer un bouquet de perce-neige, ces charmantes fleurs annonciatrices du printemps et qui éclosent précisément vers la saint-Joseph. E n’ât p’aijie, hein vôs, d’ èyûere des véyes dgens. Il n’est pas facile, n’est-ce pas, de prendre soin des vieillards.
Fie, acide. Diminutif fierat, aigrelet. Les beûtchïns sont fies. Les pommes sauvages sont acides.
Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis