Publié dans le Quotidien Jurassien le 19 mai 2023
Compyainte di petèt tchevâ bianc
Le p’tèt tch’vâ dains le peut croûye temps,
qu’èl aivait bïn di coéraidge
!
C’était ïn petèt tchevâ bianc,
tus derriere èt lu devaint.
È n’y aivait djemais de bé temps
dains ci poûere paiyisaidge.
È n’y aivait djemais de bontemps,
ne derriere ne devaint.
Mains aidé èl était content,
moinnaint les djûenes di v’laidge,
è traivie la noi pyeudge des tchaimps,
tus derriere èt lu devaint.
Son tchie allait peurcheuyaint
sai bèlle petète quoûe savaidge.
Ç’ât aidonc qu’èl était content,
yôs derriere èt lu devaint.
Mains ïn djouè, dains le peut croûye temps,
ïn djouè qu’èl était si saidge,
èl ât moûe poi ïn blanc éyeûje,
tus derriere èt lu devaint.
èl ât moûe sains voûere le bé temps,
qu’èl aivait bïn di coéraidge
!
èl ât moûe sains voûere le bontemps,
ne derriere ne devaint.
Note
Printemps se dit bontemps ou paitchi-feu. Les quatre saisons sont le bontemps, le tchâtemps, l’èrbâ et l’huvie.
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Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Complainte du petit cheval blanc
Texte original
Le petit cheval dans le mauvais temps,
qu’il avait donc du courage
!
C’était un petit cheval blanc,
tous derrière et lui devant.
Il n’y avait jamais de beau temps
dans ce pauvre paysage.
Il n’y avait jamais de printemps,
ni derrière ni devant.
Mais toujours il était content,
menant les gars du village,
à travers la pluie noire des champs,
tous derrière et lui devant.
Sa voiture allait poursuivant
sa belle petite queue sauvage.
C’est alors qu’il était content,
eux derrière et lui devant.
Mais un jour, dans le mauvais temps,
un jour qu’il était si sage,
il est mort par un éclair blanc,
tous derrière et lui devant.
Il est mort sans voir le beau temps,
qu’il avait donc du courage
!
Il est mort sans voir le printemps
ni derrière ni devant.
Paul
FORT
(1872 - 1960)
George Brassens chante
le Petit Cheval Blanc
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