Ènne fèrme è Pairis !
È bïn ô
! Lai Yâdine è pe moi, nôs sons t’aivu quéques djoués è Pairis
! Oh, c’nétait’ p’le permie côp qu’nôs allïns dains c’te grosse caipitale
; nôs yi sons t’aivu dje bïn des côps, mains ci côp-ci, c’était ïn pô pairtitiulie poch’que nôs yi sons allè po raivisaie l’ Salon d’ l’ Aigretiulture.
Aidonc, en lai dyiaire d’ Lai Tchâ-d’Fonds nôs sons montè dains lai «
micheline
» qu’nôs é emmoinnè è B’sainçon. Encheûte, d’lai comtouse caipitale, le
TGV nôs é condu en ènne boussiatte, vite fait bïn fait, â tiûre de Pairis, en lai dyaire de Lyon. Dâli, po nôs, tot é pris ènne âtre meûjure. Ç’ât aidé aivô piaigi mains âchi ébâbéch’ment qu’nôs détieuvains pe r’détieuvains les biâtès è les courious’tès de c’te grosse vèlle.
Aiprès ènne boénne neût, brécie poi l’ tchaint des dyimbardes è des raimaissous d’ouedjures (qu’dains bïn faire yot’ bésaingne), ès heûtes di maitïn nôs pregnainnes le «
métro
», c’te târpe qu’ cirtiule chu des râyes dains des coulous, dos lai vèlle de Pairis. Mon Due
! Quée vie qu’ès moinnant ces Pairisiens
! Dains ci «
métro
» pyein c’ment ïn ûe nôs n’ains’ p’ vu piepe ïn sôri chu les visaidges, nôs n’ains’ p’ ôyi quasi piepe ènne pairôle soûetchi des goûerdges d’ces poûeres dgens qu’daint faire, po lai pupaît, pus d’ènne houre de tradjèt l’maitïn po allaie bossaie, pe encoé ïn côp aitaint l’soi po r’veni en l’hôtâ.
Nôs voili enfïn airrivè en lai Poûetche-de-Versailles laivousqu’se trove ci Salon d’Aigretiulture. È y’é dje brâment de dgens dains ces gros poiyes d’échpojichions.
Nôs allaines tot content d’ lai sen des bétes, en d’moéraint ènne boénne paitchie d’lai mait’nèe pairvâ les tchvâs d’aippyait. Nôs poyainnes dïnche aidmiraie les nûef raîces de tchvâs d’ traivaiye d’lai Fraince (Ardennais, Auxois, Boulonnais, Bretons, Cobs normands, Comtois, Percherons, Poitevins, Traits du Nord), totes soûetches d’aînes pe d’mulats d’aivô ci brâment bé l’aîne di Poitou (vôs saîtes, ç’tu qu’é ces tot grants pois). Nôs eunes lai tchaince d’voûere chu piaice ces ainimâs ôvraie en l’aippyait aivô des tchées, des môdérnes machines pe totes soûetches d’engïns échqueprès conchtru po l’ traivaiye aivô les tchvâs dains lai vaingne, dains les bôs pe dains les gros pubyics tieutchis des vèlles.
Nôs pregnainnes encheûte lai nonne de médé dains l’gros poiye des frainçaises provïnces. È bïn i vôs peus dire qu’ li aitôt é y’é ènne sacrè rétchaince, po l’maindgie c’ment po l’boire. I n’é p’ fâte de vôs dire qu’an n’yi trôve pe l’ «
Mac Do
»
!
Aiprès qu’nôs s’feuchïns bïn rempiachu lai painse pe moéyie l’gairguesson tchie les Auvergnats, nôs allaines voûere les motons, les tchievres, les poues, mains chutôt lai tote grante étâle des bovïnes raîces. Nôs yi’ poyainnes aidmiraie des toérés di Charolais, pe di Limousin poijaint pus d’ 1500 kg, pe totes soûetches de vaitches. Les «
Montbéliardes
» étïnt bïn chur li. Ah, ces bèlles «
Montbéliardes
», ç’ât bïn dannaidge qu’lai pupaît n’euchïnt pus d’écoûenes. Poi contre è fayait voûere les totes londyes écoûenes des «
Salers
», les bèlles brelitçhes d’lai raîce d’Abondance , obïn les bés p’téts nois moûeres des «
Tarines
». Qué djoûe âchi d’voûere ènne bèlle p’téte proue d’lai raîce d’Hérens tot drèt vni di Valais. Mains c’que nôs f‘sé l’pus gros piaigi, et laivous’ qu’nôs sons d’moéré l’pus grant, ç’ât dains lai paitchie des p’tétes raîces de vaitches qu’ aint richquè de n’ pus existaie pe qu’sont aivu sâvè â driere moment. Les «
Bretonnes
», les «
Vosgiennes
», les «
Nantaises
», les «
Gasconnes
», les «
Parthenaises
» obïn encoé les «
Bazadaises
», çoci po n’en citaie que quéqu’ yènnes. Nôs ains héy’rous’ment lai tchaince d’aivoi des dgens que s’ baittant pe qu ‘faint brâment d’éffoûes po vadgeaie ci vétçhiaint paitrimoinne. Sains ces paichionè éy’vous, è n’demoérerait quasi pus ran d’âtre dains l’monde entie que ces peutes «
holstein
» qu’ n’aint qu’lai pée pe les oches, qu’n’aint p’d’ écoûenes pe qu’dains pichie ènne grosse quaintitè d’ laicé po l’ïnduchtrie … les poûeres bétes
!
Meinme ch’nôs ains lai tchaince d’voûere tos les djoués des vaitches pe des tchvâs tchie nôs, çoli nôs è fait di bïn d’se piondgie â moitant de tot pien d’ dgens qu’aimant les tchoses d’lai caimpaigne.
Mains, nôs sons r’veni tot d’meinme ïn pô sondgeous d’ci Pairis
! Pairvâ les vaitches nôs ôyainnes ïn bouêbat tot ébâbi d’aippâre qu’le laicé v’niait d’ces grosses bétes dvaint que d’se trôvaie dains des boétes en câtchon â maigaisïn
! Pe ïn soi, dains ïn rèchtauraint, nôs ôyainnes encoé ènne daime dire en sai baîchatte, en djasaint d’ci Salon d’l’Aigretiulture : «
Te vois, ç’ât laivi qu’tés vu ènne vaitche po l’permie côp. T’aivais dieche ans
!
». Tot l’monde è riè atoué de c’te tâle. Moi, i aivôs putôt envie d’pûeraie en musaint en ces poûeres afaints que d’moérant dains ces grosses vèlles sains dj’mais voûere piepe ènne vaitche âtre paît qu’chu des imaidges obïn en lai laiv’imaidge (boéte ès grimaices).
È bïn voili mes braives, i finis chu ènne note ïn pô trichte poch’ qu’i vôs l’dit, è fât aivoi bïn pidie è pe fât bïn piaîndre ces poûeres Pairisiens, yôs qu’nôs trétant encoé bïn s’vent de «
ploucs
»
!
{Les Foulets le 14 de mârs 2008
Eric Matthey}
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Une ferme à Paris !
Et bien oui
! La Claudine et moi, nous sommes allés quelques jours à Paris
! Oh, ce n’était pas la première fois que nous allions dans cette grande capitale
; nous y sommes allés bien des fois, mais cette fois-ci, c’était un peu particulier parce que nous y sommes allés pour visiter le Salon de l’Agriculture.
Donc, à la gare de La Chaux-de-Fonds nous sommes montés dans la «
micheline
» qui nous a emmenés à Besançon. Ensuite, de la capitale comtoise, le
TGV nous a conduits en peu de temps, vite fait bien fait, au cœur de Paris, à la gare de Lyon. Alors, pour nous tout a pris une autre dimension. C’est toujours avec plaisir mais aussi avec ébahissement que nous découvrons et redécouvrons les beautés et les curiosités de cette grande ville.
Après une bonne nuit, bercée par le chant des voitures et des videurs de poubelles (qui doivent bien faire leur travail), à huit heures du matin nous prîmes le métro, cette taupe qui circule sur des rails dans des couloirs, sous la ville de Paris. Mon Dieu
! Quelle vie ils mènent ces Parisiens
! Dans ce métro plein comme un œuf nous n’avons pas vu un sourire sur les visages, nous n’avons quasi pas entendu une parole sortir des bouches de ces pauvres gens qui doivent faire, pour la plupart, plus d’une heure de trajet le matin pour aller bosser, et encore une fois autant le soir pour revenir à la maison.
Nous voilà enfin arrivés à la Porte-de-Versailles où se tient ce Salon de l’Agriculture. Il y a déjà beaucoup de monde dans ces grandes halles d’expositions.
Nous allâmes immédiatement du côté des animaux, en restant une bonne partie de la matinée vers les chevaux de trait. Nous pûmes ainsi admirer les neuf races de chevaux de travail de France (Ardennais, Auxois, Boulonnais, Bretons, Cobs normands, Comtois, Percherons, Poitevins, Traits du Nord), toutes sortes d’ânes et de mulets avec ce magnifique âne du Poitou (vous savez, celui qui a ces touts longs poils). Nous eûmes la chance de voir sur place ces animaux travailler à l’attelage avec des chars, des machines modernes et toutes sortes d’engins construits spécialement pour la traction hippomobile dans la vigne, en forêt ainsi que dans les grands parcs publics des villes.
Nous prîmes ensuite le repas de midi dans la grande halle des provinces françaises. Et bien je puis vous dire que là aussi il y a une sacrée richesse, pour le manger comme pour le boire. Je n’ai pas besoin de vous préciser qu’on n’y trouve pas le Mac Do
!!!
Après que nous nous fussions bien rempli la panse et humecté le gosier chez les Auvergnats, nous allâmes voir les moutons, les chèvres, les porcs, mais surtout la toute grande étable des races bovines. Nous y pûmes admirer des taureaux du Charolais et du Limousin pesant plus de 1500 kg, ainsi que toutes sortes de vaches. Les Montbéliardes étaient bien sûr là. Ah, ces belles Montbéliardes, c’est bien dommage que la plupart n’aient plus de cornes. Par contre il fallait voir les toutes longues cornes des Salers, les belles lunettes de la race d’Abondance, ou les beaux petits mufles noirs des Tarines. Quelle joie aussi de voir un beau petit troupeau de la race d’Hérens tout droit venu du Valais. Mais, ce qui nous fit le plus grand plaisir, et où nous sommes restés le plus longtemps, c’est dans la partie réservée aux races bovines à petits effectifs ayant failli disparaître et qui ont été sauvées au dernier moment. Les Bretonnes, les Vosgiennes, les Nantaises, les Gasconnes, les Parthenaises ou encore les Bazadaises, ceci pour n’en citer que quelques-unes. Nous avons heureusement la chance d’avoir des gens qui se battent et qui font beaucoup d’efforts pour conserver ce patrimoine vivant. Sans ces éleveurs passionnés, il ne resterait quasi plus rien d’autre, dans le monde entier, que ces moches «
holstein
» qui n’ont que la peau et les os, qui n’ont plus de cornes et qui doivent «
pisser
» une grosse quantité de lait pour l’industrie … les pauvres bêtes
!
Même si nous avons la chance de voir tous les jours des vaches et des chevaux chez nous, ça nous a fait du bien de s’immerger parmi plein de monde aimant les choses de la campagne.
Mais nous sommes tout de même revenus un peu songeurs de ce Paris
! Parmi les vaches nous entendîmes un jeune garçon tout étonné d’apprendre que le lait venait de ces grosses bêtes avant de se trouver dans des boîtes en carton au magasin
! Puis un soir, dans un restaurant, nous entendîmes encore une dame dire à sa fille, en parlant de ce Salon de l’Agriculture : «
Tu vois, c’est là-bas que tu as vu une vache pour la première fois. Tu avais dix ans
!
», Tout le monde a ri autour de cette table. Moi, j’avais plutôt envie de pleurer en pensant à ces pauvres enfants qui vivent dans ces grandes villes sans jamais voir une vache ailleurs que sur des images ou à la télévision.
Et bien voilà mes braves, je finis sur une note un peu triste parce que, je vous le dis, il faut avoir bien pitié de ces pauvres Parisiens, eux qui nous traitent encore bien souvent de «
ploucs
»
!
{Les Foulets, le 14 mars 2008
Eric Matthey}
- Eric Matthey, Ferme à Paris, 111217