Publié dans le Quotidien Jurassien le 6 août 2021
Ènne saqueurdie d’ virèe
Source : Constant Meyer, Asuel
L’onçha du M’lïn èt le maîrtchâ de Pieujdouse se r’trouvïnt tos les dûemoinnes maitïn po lai mâsse. Ch’ l’élau, yote piaice était quasi réjervèe. L’impoétchaint, c’était boire l’aipéro aiprés lai mâsse èt dichcutaie di programme de yote vâprèe.
Ci dûemoinne-li, l’aipéro se prolondgé dains les trâs bichtrots di v’laidge. Déchijion feut prije d’ènne virèe chu cés des hâtous.
Aiprés l’ dénèe, ès s’ botainnent en tch’mïn. Premiere airrâte, Les Randgies
; doujieme, Lai Caquerèlle et, en drie, Les Malettes.
Chûr que lai lôvrèe était dj’ bïn aivaincie tiaind nos dous bogres aint pris le tch’mïn di r’toué. Ès grotïnt è poènne à botaie ïn pie d’vaint l’âtre. Â fond di Chét’lat, en s’engaidgeaint ch’ le ptèt raiccoétchi aissèz tyissaint, voili que, patatras
! ès faint ènne boénne écaimboéye cment qu’an dit. Impôssibye de se ryevaie. Voili qu’ès s’endremant. Â bout d’ïn môment, yun révoiyie poi lai frâtchou, dit en son compaignon : «
Çhoue çte f’nétre, an édgeâle
!
»
Note
ènne écaimboéye, une chute
ès s’ botainnent en tch’mïn, ils se mirent en chemn, passé simple
Premiere airrâte, première halte
----
Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Il demandait des signes
Certains ont la foi du charbonnier. D’autres doutent, comme Célestin qui se posait des questions. Il avait renié le Dieu de son enfance et, pour trouver le Dieu qui lui convienne, avait décidé de s’installer dans une grotte de la Combe Tabeillon. «
Seigneur, dit-il, je te donne vingt ans pour te manifester. Si, au bout de vingt ans, je ne t’ai toujours pas trouvé, tu n’existes plus pour moi et je retourne dans le monde.
»
Dans sa retraite, parmi les bois et les bêtes sauvages, il passait ses journées à méditer. Il se nourrissait de ce qu’il trouvait, selon la saison, des fraises, des framboises, des mûres, des champignons. Il buvait l’eau de la source. Un renard lui tenait compagnie. Une mésange mangeait dans sa main.
Vingt ans ont passé. «
Seigneur, dit-il, je t’ avais donné vingt ans pour te manifester. Je n’ai reçu aucun signe. Je t’accorde encore trois jours. Après, sans un signe de ta part, je retourne dans le monde.
» Le lendemain, il croise sur son chemin une vieille femme édentée, tout pliée, et qui ramassait du bois mort pour son fourneau. Le surlendemain, ce fut un lépreux qui agitait sa clochette. Le troisième jour, un arc-en-ciel annonçait la fin de la pluie.
Célestin se dresse dans la lumière du couchant. «
Vingt ans trois jours, et toujours pas de signe. Je quitte mon ermitage.
» Aussitôt, une voix tonitruante fait trembler toute la Combe Tabeillon :
- J’étais dans la vieille femme, dans le lépreux, dans l’arc-en-ciel, dans la mésange bleue qui mange dans ta main. Qu’est-ce qu’il te faut pour que tu me reconnaisses
?
{Traduction par un participant au cours
UP de patois, Didier Gigon}
Ènne saqueurdie d’ virèe
Source : Constant Meyer, Asuel
L’onçha du M’lïn èt le maîrtchâ de Pieujdouse se r’trouvïnt tos les dûemoinnes maitïn po lai mâsse. Ch’ l’élau, yote piaice était quasi réjervèe. L’impoétchaint, c’était boire l’aipéro aiprés lai mâsse èt dichcutaie di programme de yote vâprèe.
Ci dûemoinne-li, l’aipéro se prolondgé dains les trâs bichtrots di v’laidge. Déchijion feut prije d’ènne virèe chu cés des hâtous.
Aiprés l’ dénèe, ès s’ botainnent en tch’mïn. Premiere airrâte, Les Randgies
; doujieme, Lai Caquerèlle et, en drie, Les Malettes.
Chûr que lai lôvrèe était dj’ bïn aivaincie tiaind nos dous bogres aint pris le tch’mïn di r’toué. Ès grotïnt è poènne à botaie ïn pie d’vaint l’âtre. Â fond di Chét’lat, en s’engaidgeaint ch’ le ptèt raiccoétchi aissèz tyissaint, voili que, patatras
! ès faint ènne boénne écaimboéye cment qu’an dit. Impôssibye de se ryevaie. Voili qu’ès s’endremant. Â bout d’ïn môment, yun révoiyie poi lai frâtchou, dit en son compaignon : «
Çhoue çte f’nétre, an édgeâle
!
»
Note
ènne écaimboéye, une chute
ès s’ botainnent en tch’mïn, ils se mirent en chemn, passé simple
Premiere airrâte, première halte
Une drôle de virée
L’oncle du Moulin et le maréchal ferrant de Pleujouse se retrouvaient tous les dimanches matin pour la messe. Sur la tribune, leur place était réservée. L’important était d’aller à l’apéro après la messe et discuter du programme de leur après-midi.
Ce dimanche-là, l’apéro se prolongea dans les trois bistrots du village. Décision fût prise d’une virée dans ceux sur les hauteurs.
Après le dîner, ils se mirent en route. Premier arrêt, Les Rangiers : deuxième, La Caquerelle et en dernier Les Malettes. Sûr que l’après-midi était déjà bien avancée quand nos deux bougres ont repris le chemin du retour. Ils réussissaient à peine à mettre un pied devant l’autre. Au fond du Chét’lat en s’engageant sur le petit raccourci assez glissant, voilà que, patatras
! ils font une chute sur le dos. Impossible de se relever. Voilà qu’ils s’endorment. Au bout d’un moment un réveillé par la fraîcheur, dit à son compagnon «
Ferme cette fenêtre, on gèle
!
»