Publié dans le Quotidien Jurassien le 5 février 2021
Voiyaince
Ran n’vait pus tchie Balthazar èt fréres, Mâjon fondèe en 1875. Sèpt dgén’râchions. Fèrdinand, ç’ât le drie. Èl é daivu bèyie condgie en lai moitie d’ ses euvries. Les commaindes ne v’nyant pus. Çte truerie d’ corona é tot fotu poi tiere. Se çoli continue, è vait étre oblidgie de botaie lai çhè dôs l’ paiyaisson. En pus, çoli n’ vait p’ trop bïn d’aivô sai fanne.
En chneuquaint chu internet, èl é trovè ïn site que yi é r’bèyi d’ l’échpoi. Ènne voiyainte poérrait l’édie è churmontaie ci croûye péssaidge. «
Bondjoué. I seus Aistrid, lai moyoue voiyante di canton. I seus li po vôs. I vôs diré vote aiv’ni èt i vôs môtrerai le tch’mïn. I yés dains les câctches, dains les aichtres, dains les yaingnes de lai main, dains l’ marc de café.
» Fèrdinand s’ muse : «
C’est drèt ç’ qu’è m’fât
!
» È prend rendèz-vous.
- Tyrie trâs câtches di paquèt, yi dit Daime Aistrid. Èt peus pôsètes-les d’vaint vôs d’ lai sens d’ l’imaidge.
È tire Airdgent, Aimoé, Bonhèye.
-I vois, que dit Daime Aistrid.Vôs piedrèz vote foûetchune. Mains dains ci malhèye, vôs s’rèz sôt’ni poi vot’ fanne.
- Ç’ât bïn ç’qu’i craingnôs. Mains, Daime Aistrid, vôs que dj’asèz d’aivô les échprits, d’maindèz-yôs s’i n’ poérrôs pe putôt piedre mai fanne èt peus, dains ci malhèye, étre sôt’ni poi mai foûetchune
?
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Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Voyance
Rien ne va plus chez Balthazar et frères, Maison fondée en 1875. Sept générations. Ferdinand est le dernier. Il a dû congédier la moitié de ses ouvriers. Les commandes ne viennent plus. Cette cochonnerie de corona a tout flanqué par terre. Si ça continue, il va être obligé de mettre la clé sous le paillasson. En plus, son couple bat de l’aile.
En cherchant sur internet, il a trouvé un site qui lui a redonné espoir. Une experte en sciences occultes pourrait l’aider à surmonter ce mauvais passage. «
Bonjour. Je suis Astrid, la meilleure voyante du canton. Je suis là pour vous. Je vous prédirai votre avenir et vous en montrerai le chemin. Je lis dans les cartes, dans les astres, dans les lignes de la main, dans le marc de café.
» C’est tout à fait ce qu’il me faut, se dit Ferdinand qui prend aussitôt rendez-vous.
- Tirez trois cartes du paquet, lui dit Madame Astrid, et posez-les visiblement devant vous.
Il tire Argent, Amour, Bonheur.
- Je vois, dit Madame Astrid. Vous perdrez votre fortune. Toutefois, dans ce malheur, vous serez soutenu par votre femme.
- C’est bien ce que je craignais. Mais, Madame Astrid, vous qui parlez aux esprits, demandez-leur si je ne pourrais pas plutôt perdre ma femme et, dans ce malheur, être soutenu par ma fortune
?