Publié dans le Quotidien Jurassien le 5 janvier 2018
Le bon an
Bonsoi, tos les ménaidges,
Gros chires aich’ bïn que pouer’s dgens.
Nôs s’en v’nians poi le v’laidge
Vôs tchaintaie le bon an.
*
En lai toué di môtie,
L’heurleudge é fri mineût.
Po l’annèe qu’é cmencie,
Nôs vôs euffrans nos voeux.
*
Nôs d’maindans â bon Dûe
Tot ç’ que vôs f’ré piaiji :
Le bé temps po lai bûe,
Lai pieudge po vos tieutchis.
*
És hann’s qu’ainmant ïn voirre,
Que sont touedje égréyis,
Nôs yôs tyuéchans è boire,
Qu’ès feuchïnt rétenis.
*
És véyes baichatt’s ïn hanne,
és djuen’s ïn aimoérou,
Voili ço qu’è nôs sanne
Qu’an yôs peut souhaitaie d’moyou.
*
És boûeb’s que sont v’nis véyes
Sains l’ septiem’ sacrement,
Nôs yôs tyuéchans les cséyes
Tiaind les djûen’s se mairiant.
*
És grand-pér’s, és grand-mér’s
Que sont derie l’ foéna,
Des véyes djoués sains misére,
Di foin piein yos sabats.
*
Enfïn an vôs lai souhate,
Boènne èt heureuse en tus.
Que n’ feuche dj’mais paitte èt maitte
Vot’ boéche ni vot’ vertu.
{D’après Paul Moine, Revue jurassienne, 1949}
Note
Égréyi, desséché, disjoint.
Réteni, resserré. Signifie aussi constipé.
Ci tiuvé ât égryi, è l’ fât réteni. Ce cuveau est disjoint, il faut le resserrer.
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Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Le nouvel an
Bonsoir, tous les ménages,
Gros riches ainsi que pauvres gens.
Nous venons par le village
Vous chanter le nouvel an.
*
À la tour de l’église,
L’horloge a sonné minuit.
Pour l’année qui a commencé,
Nous vous offrons nos voeux.
*
Nous demandons au bon Dieu
Tout ce qui vous fera plaisir :
Le beau temps pour la lessive,
La pluie pour vos jardins.
*
Aux hommes qui picolent,
Au gosier toujours sec,
Nous souhaitons qu’ils boivent
A en être constipés.
*
Aux vieilles filles un homme,
Aux jeunes un amoureux,
Voilà, nous semble-t-il,
Le meilleur qu’on peut leur souhaiter.
*
Aux garçons vieillis
Sans le septième sacrement,
Nous leur souhaitons de vibrer
Quand les jeunes se marient.
*
Aux grands-pères et grands-mères
Blottis derrière le fourneau,
Des vieux jours sans misère,
Du foin plein leurs sabots.
*
Enfin on vous la souhaite,
Bonne et heureuse à tous.
Que jamais ne soit molle et faible
Ni votre bourse ni votre vertu.
{D’après Paul Moine, Revue jurassienne, 1949}
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