Publié dans le Quotidien Jurassien le 22 septembre 2023
Des fannes taint qu’an en veut
{Source : Éric Ankli, Grandfontaine}
Ci Grôs Paul aivait dous bouebes. Ès étïnt tos les dous des hannes de lai tiere, des paiyisains dains l’aîme. Mains ès n’ poéyïnt pe d’moéraie les dous ch’ le bïn. Ç’ât l’ pus véye qu’è r’pris lai fèrme.
Djeain, le doûejieme, était és étyudes è Berne po faire vétrinaire. Tot allait bïn po lu, èl airrivait â bout d’ ses cïntye ans. Po trovaie ènne fanne, èl é botè ènne petète ainnonce ch’ lai feuille. C’ment qu’è n’ rentrait pe s’vent en l’hôtâ, èl é bèyie l’aidrâsse de l’unvèrsitè.
Les réponches n’aint pe tairdgie. Pus de 60 lattres que sont totes airrivèes chu l’ bureau di rècteur. Le Djeain s’ât fait bïn airsouyè. «
Note univèrsitè n’ât p’ènne aidgeince maitrimoniale
», que yi é dit l’ rècteur. È yi é tot d’meinme remis le paiquèt d’ lattres. Le Djeain é tchoiji pèrmé totes ces lattres çtée qu’était lai meus graiy’nèe, qu’aivait ènne bèlle calligraphie, cment dains l’ temps. Ç’ât dïnche qu’èl é trovè sai fanne. Ès aint vétyu hèyrous èt peus ès aint aivu quaitre bés l’afaints.
Mais r’venians en ces âtres lattres. Po fétaie lai fïn d’ ses étyudes, le Djeain é fait v’ni sés caim’rades po ïn voirre. Èl é tchaimpè ces lattres ch’ lai tâle èt peus è yôs é dit : «
Sèrvites-vôs
!
»
----
Ecouter la chronique lue par Bernard Chapuis
Des femmes autant qu’on en veut
Source : Éric Ankli, Grandfontaine
Le Gros Paul avait deux garçons. Ils étaient tous les deux des hommes de la terre, des paysans dans l’âme. Mais ils ne pouvaient pas rester les deux sur le domaine. C’est l’aîné qui a repris la ferme.
Jean, le deuxième, faisait à Berne des études de vétérinaire. Tout allait bien pour lui, il arrivait au bout de ses cinq ans. Pour trouver une femme, il publia une petite annonce dans le journal. Comme il ne rentrait pas à la maison, il donna l’adresse de l’université.
Les réponses n’ont pas tardé. Plus de 60 lettres qui sont toutes arrivées sur le bureau du recteur. Jean s’est fait vertement réprimander. «
Notre université n’est pas une agence matrimoniale
», lui dit le recteur. Il lui a tout de même remis le paquet de lettres. Parmi toutes ces lettres, Jean a retenu celle qui était écrite à l’ancienne, qui avait la plus belle calligraphie. C’est ainsi qu’il a trouvé son épouse. Ils ont vécu heureux et ils ont eu quatre beaux enfants.
Mais revenons aux autres lettres. Pour fêter la fin de ses études, Jean a invité ses camarades à boire un verre. Il a jeté ces lettres sur la table et leur a dit : «
Servez-vous
!
»
{ {{Les chroniques patoises de Bernard Chapuis en 2022- 23}} }
{{ {Toutes les chroniques patoises de Bernard Chapuis} }}